Au troisième jour de protestation, les locataires de cette cité campent sur leurs positions et «refusent d'emménager dans les logements qui leurs ont été attribués à Ouled Mendil (commune de Birtouta)», estimant que «ces logements ne sont pas ceux que nous a promis le wali». Depuis le 2 septembre, date de l'annonce du début des opérations de relogement par la wilaya d'Alger, les forces de police sont de jour et de nuit présents sur les lieux. Un véritable face-à-face s'est installé entre policiers, postés aux extrémités de l'avenue des Frères Bouadou menant vers Bir Mourad Rais, et les résidants récalcitrants qui ne cessent d'accuser le wali délégué «d'avoir manqué à ses engagements» Pour l'heure, l'avenue, jonchée de pierres et autres objets, est fermée à la circulation, prise en otage par les protestataires perchés sur les hauteurs, surplombant les forces de sécurité, qui n'hésitent pas à faire usage de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes en direction des protestataires, touchant bon nombre d'entre eux. Sur les lieux, la colère a atteint son paroxysme. «Le wali délégué à promis de nous reloger avec les 399 familles dans la wilaya d'Alger», vocifère un vieil homme; qui s'interroge : «Pourquoi les deux premières tranches ont été relogées dans des logements décents à Sebala (F3 et F4) et nous, qui faisons partie de la troisième tranche, le wali nous condamne à emménager dans des logements classés inhabitables depuis 2004, suite au séisme». Prenant le relais, un autre citoyen indique que «ces logements à Birtouta sont exigus et manquent de toutes les commodités, contrairement aux images fallacieuses diffusées par la télévision nationale et qui sont des images d'autres lieux». «Nous invitons les autorités à aller visiter les lieux pour comprendre la colère que nous ressentons», lance un jeune en colère. Avant d'ajouter : «Suite à la diffusion des images par la Télévision nationale, 22 citoyens concernés ont été empêchés par des policiers de visiter ces logements», ajoutant que «la télévision tente de tromper l'opinion publique». Un autre citoyen, faisant partie du comité représentant les résidants de cette cité, indique que «les logements qui nous étaient destinés à Sebala ont été attribués aux habitants des bidonvilles». Selon un des membres du comité exhibant une pétition, «un peu moins de 200 familles ont apposé leur signature au bas du document pour signifier leur refus des logements de Birtouta et contredisant les propos du wali qui a déclaré que 10% des résidants ont refusé». «Nous réclamons notre droit à un logement décent», clament les jeunes et moins jeunes qui ajoutent que «tant que les autorités nous méprisent, nous persisterons à garder la route fermée». Ajoutant : « D'ici demain, nous investirons les logements qui sont inoccupés», affirme un des citoyens, qui rappelle que ces logements sont des propriétés privées. Il est à rappeler que le lendemain de l'annonce du lancement de l'opération, soit le 3 septembre, 10 personnes représentant les comités de quartier ont tenu une réunion avec le wali délégué qui, selon un de ses représentants, «a refusé de négocier, se limitant à proférer des menaces en direction de ceux qui auraient l'intention de protester». Au vu de la détermination des protestataires, ce mouvement ne risque pas de voir son épilogue, à la condition que les autorités révisent leur décision. Comme avait déclaré le directeur du logement de la wilaya, «seul le Coran ne peut faire l'objet de changement».