L'opération de relogement des sinistrés du 21 mai 2003 commence mal. Hier, à Réghaïa, les ex-locataires du fameux “Dix” ont préféré rester sous leurs tentes. Les forces de l'ordre ont tenté de les en déloger de force pour respecter le calendrier de recasement promis par les pouvoirs publics. L'opération de relogement des sinistrés de Réghaïa tourne mal La police matraque les sinistrés Les logements proposés ne correspondent pas aux attentes des sinistrés. Résultat : ces derniers protestent. Les forces de l'ordre interviennent. C'est l'émeute. La tentative de reloger des familles sinistrées de la commune de Réghaïa a dégénéré, hier, en affrontement avec les services de l'ordre. Les victimes de cette catastrophe naturelle ont refusé les logements qui leur ont été attribués. Des habitants de l'ex-Dix, recasés temporairement dans le cimetière chrétien de la ville, ont, en effet, refusé catégoriquement d'aller à Ouled Fayet où des appartements leur ont été proposés. Des citoyens qui occupaient des F3 ou des F4 se sont vu attribuer des deux-pièces et à mille lieues de chez eux. “Nous sommes comme des déportés”, nous a affirmé, hier, un sinistré. Les services d'ordre, dépêchés sur place pour surveiller l'opération de relogement, ont sommé les victimes de quitter les tentes et d'aller occuper les logements qui leur ont été octroyés. Face à leur refus, les policiers ont usé de bombes lacrymogènes pour disperser la foule des contestataires. Les éléments des services de sécurité ont délogé de force les occupants et démonté les tentes. Il faut savoir que les services de la mairie de Réghaïa avaient mis à la disposition des sinistrés des camions pour le déménagement. Cependant, la plupart ont refusé de quitter les tentes tant les logements proposés n'étaient pas à la mesure de ceux qu'ils avaient occupés avant le séisme du 21 mai. En réaction à ces actes, les occupants ont dressé des barricades sur les principales artères de la ville. Les forces de l'ordre ont violemment réagi. Une femme a été blessée par une bombe lacrymogène qui l'a touchée au buste. Ces citoyens sont, pour la plupart, originaires de la ville de Souidania. Il y a trois jours, les citoyens de Réghaïa, qui occupaient le stade municipal, ont été chassés sans préavis. Conséquence : les femmes passent depuis déjà trois jours la nuit à la mosquée et les hommes dans leur grande majorité sont contraints de dormir à la belle étoile, dans un froid glacial, en ce début d'hiver. “Nous sommes prêts à accepter de quitter notre ville pour être relogés dans les communes limitrophes, mais pas à Ouled Fayet, distante d'une trentaine de kilomètres”, s'insurge un chef de famille. Et à un autre de reprendre : “Ce sont des F2 et même des F1 qu'ils veulent nous fourguer. Pourquoi cherche-t-on à nous chasser de notre commune, sachant que la plupart d'entre nous travaillent ici.” Le ministre de l'Intérieur avait déclaré, il y a quelques jours : “Je ne veux voir personne sous les tentes d'ici à la fin du mois de décembre.” Ce qui signifie déjà que le gouvernement a pris beaucoup de retard dans la prise en charge des victimes. Le Conseil des ministres, tenu jeudi dernier, sous la présidence du chef de l'état, avait estimé que 10 000 familles, comptant parmi les sinistrés du séisme du 21 mai dernier, devaient être relogées avant aujourd'hui ou demain. Et selon le Chef du gouvernement, ce chiffre atteindra les 16 000 avant l'Aïd el-Fitr. Il est à se demander, au rythme où vont les choses, si les responsables du gouvernement sont certains de tenir des engagements qui, apparemment, risquent d'être difficiles, voire impossible à réaliser, d'autant plus que la manière même avec laquelle est menée l'opération de relogement est très contestée. Alors, il s'agit de savoir maintenant si les pouvoirs publics comptent gérer la contestation avec la matraque, ou plutôt engager un dialogue avec les concernés eux-mêmes pour éviter que la situation ne se transforme en véritable bombe à retardement. M. B.