Les otages du MV Blida ont, encore une fois, joint à deux reprises, mardi et mercredi dans la matinée, leurs familles respectives alors que ces dernières s'apprêtaient à tenir un énième sit-in, cette fois-ci, devant le siège de la Télévision nationale pour dénoncer le black-out de la chaîne sur leur détresse qui dure depuis 9 mois. «Chaque appel que nous recevons, même s'il nous confirme que nos parents sont vivants, est un supplice supplémentaire pour nous, car il nous rappelle qu'ils s'approchent de plus en plus de la mort, leur état ne cesse de se dégrader», fait remarquer Faouzi Aït Ramdane, fils d'un des 17 marins captifs des pirates somaliens. Mme Hanouche, dont le mari Nafâa est parmi les otages, confirme l'état de santé «dramatique» de son mari et ses collègues. «Ils sont atteints de maladie de la peau», affirme-t-elle. Faouzi réplique : «Mon père a appelé deux fois ce matin (hier, ndlr). Il a dit toute sa détresse en racontant la situation sanitaire et psychique catastrophique des otages», explique non sans peine, Faouzi, affirmant que ces derniers se nourrissent uniquement de pain sec et boivent de l'eau impropre à la consommation. «Ils boivent de l'eau rouillée et j'imagine leur détresse», précise-t-il, avant de rappeler qu'ils ne font plus confiance ni à l'affrêteur jordanien «qui nous mène en bateau», encore moins à la «pseudo cellule de crise», dont «aucun responsable n'a daigné nous appeler depuis son installation, ne serait-ce que pour nous rassurer». Interrogé sur le traitement des otages par leurs ravisseurs, Faouzi affirme que «les 17 marins hébergés dans des conditions inhumaines» ne parlent généralement pas à leurs ravisseurs. «La seule chose qu'ils leur disent, c'est : soit l'affrêteur ou votre gouvernement payent la rançon ou vous périrez ici», relate-t-il. Le rassemblement d'hier tenu devant le siège de l'Entreprise nationale de la télévision (ENTV) n'est pas fortuit. Par leur action, les familles des 17 marins algériens ont voulu «dénoncer le black-out de la télévision de tous les Algériens sur notre détresse», explique Faouzi Aït Ramdane. «Ce média lourd n'a évoqué notre drame que le premier jour pour annoncer le détournement du MV Blida et, en juillet, pour lire un communiqué laconique du ministère des Affaires étrangères diffusé d'ailleurs sous forme de démenti aux informations de la presse écrites qui évoquaient le mauvais traitement dont nous étions les victimes devant le siège du ministère», se rappelle-t-il, non sans faire remarquer que les médias lourds étrangers «ont en fait des unes». Des équipes de l'unique ont quand même daigné «sortir» interroger les protestataires. Reçus par les responsables de l'unique, des représentants des familles des otages, interviewés dans les locaux de l'ENTV, sont sortis avec «la promesse d'un reportage», qui servira, comme l'ont expliqué les décideurs de l'unique, comme «appel au président de la République». Encore une autre promesse pendant que les 27 marins du MV Blida meurent à petit feu sans qu'on daigne ici ou là s'occuper de leur sort. La détresse continue alors qu'au Puntlund, où sont détenus les marins du MV Blida, d'autres otages (danois, maltais, indiens…) sont libérés.