Après cinq sit-in sur les places publiques, depuis le début du mois de Ramadhan, les familles des 17 marins, otages de pirates au large de la Somalie, ont décidé, hier ,alors qu'elles tenaient un rassemblement à la place des Martyrs, d'observer un autre regroupement dimanche prochain devant le ministère des Transports, renouant ainsi avec la protestation devant les «officiels». «A dix jours de l'Aïd El Fitr, nous n'avons pas reçu de nouvelles de nos parents», explique, inquiet, Fouzi Aït Ramdane, fils d'un des otages, porte-parole des familles. Il lance à l'occasion, un énième cri de détresse, «un appel au secours», en direction du président de la République seul à même, selon lui, de dénouer l'affaire. «Faîtes quelque chose, Monsieur le Président», lance-t-il, rappelant que son père lui a clairement signifié, lors du dernier appel du 9 juillet, que seul le président de la République peut dénouer l'affaire. «Ne comptez ni sur Mansouri de l'IBC ni sur l'affréteur jordanien», m'a-t-il dit, expliquera Fouzi, la gorge nouée lorsqu'il évoque la fête de l'Aïd qu'il risque de passer encore une fois sans son père. «On nous a promis le dénouement avant le mois de Ramadhan, et c'est déjà l'Aïd», fait-il remarquer, avant de noter : «Depuis le 1er janvier nous avons passé plusieurs fêtes sans nos parents.» Le même constat est fait par Mme Kahli qui affirme que «ces huit mois d'attente nous ont déroutés». L'autre motif d'inquiétude des familles réside dans le fait que le mois de Ramadhan «a dû épuiser les otages». Les membres des familles qui ne croient plus aux démentis et autres assurances du ministère des Affaires étrangères et «aux mensonges» de l'affréteur jordanien, Nadher Dejani, s'inquiètent de plus en plus du sort des leurs. «Nous voulons du concret. Donnez-nous la preuve qu'ils sont vivants», crient-ils. Fouzi nous expliquera qu'en avril déjà les otages avaient signifié que leur état de santé est inquiétant. «On n'est pas du tout rassurés», renchérira Mme Benkaci alors que la femme du prétendu marin décédé, Mme Roula, venue de Jijel, «attend toujours l'appel qui me confirmera que mon mari est bien vivant». En dépit de l'inquiétude et du désarroi qui les habitent, les familles des marins ne perdent pas espoir de voir les leurs «sains et saufs»et le soutien des citoyens, nombreux hier à être présents à la place des Martyrs, leur réchauffe le cœur. Fort de ce soutien, elles ont alors sur place décidé de monter au créneau et reprendre la protesta devant les édifices officiels, pour encore une fois «faire pression» et amener les concernés à communiquer sur le sort des otages détenus depuis le 1er janvier quelque part au large de la Somalie. Un appel est lancé en direction de la population à cet effet.