Des combats acharnés ont repris hier autour des bastions kadhafistes encerclés par les forces du pouvoir intérimaire libyen, Bani Walid, Syrte et l'oasis de Sabha. A Bani Walid, 180 km au sud-est de Tripoli, de puissantes explosions et des tirs nourris de mitrailleuses ont été entendus, alors que les troupes loyales à l'ex-homme fort de la Libye bombardent les positions des troupes du Conseil national de transition (CNT). «Nous avons combattu toute la nuit. Nous encerclons la ville de tous les côtés dans un rayon de 40 kilomètres», déclare un commandant des forces du CNT, Absalim Gnouna, à l'entrée nord de la ville, pendant que ses hommes se mettent à l'abri derrière des murs ou des voitures. Là aussi, les combattants ont dû opérer un repli tactique pour éviter, selon eux, d'être pris sous les tirs des tireurs embusqués dans cette ville à la topographie compliquée. «Pour libérer Bani Walid, l'artillerie lourde doit d'abord entrer en action, puis l'infanterie, comme partout ailleurs. Là, ce n'est pas exactement le chaos mais beaucoup de nos combattants n'ont pas d'expérience, alors ce n'est pas facile», a dit Djamal Al Ghariani, un ancien soldat de Kadhafi qui a rejoint les forces du conseil intérimaire. Des tireurs invisibles juchés sur les toits des maisons et des bâtisses à Bani Walid ciblent les troupes du CNT. Des colonnes de fumée s'élèvent de la ville. Parallèlement, les anciens rebelles ont repris leur lente progression vers Syrte, la ville natale de Mouammar Kadhafi, au lendemain de leur conquête d'Heraoua, une localité située à 60 km à l'est. Dans un hôpital de campagne installé dans une station-service à la périphérie ouest de Syrte, un médecin déclare que seize combattants anti-Kadhafi et un ambulancier ont péri dans les affrontements de samedi. Il dit avoir également admis 62 blessés. Un convoi d'une quarantaine de véhicules militaires se dirigeait vers la ville. L'officier ajoute que ce convoi de camionnettes équipées de canons antiaériens et de lance-roquettes fait partie d'un ensemble de 400 véhicules à destination de la ville côtière. A l'approche de l'entrée ouest de Syrte, les combattants du CNT se comptent par centaines et se disent prêts à reprendre les affrontements après trois jours d'intenses combats dans la ville et à sa périphérie. Les forces kadhafistes patrouillent dans les rues, selon des habitants qui fuyaient la ville. «Les partisans de Kadhafi essaient de persuader la population que les révolutionnaires sont des criminels et qu'il faut les tuer», ont-ils ajoute. Les forces du CNT se sont emparées de l'aéroport et de la base militaire de Syrte, a annoncé hier le site de la BBC, se référant à un porte-parole de l'opposition libyenne. Une partie des troupes du CNT qui avancent depuis l'ouest et le sud se trouvent déjà à sept kilomètres du centre de Syrte. Néanmoins, ces dernières ont dû se replier dans la nuit sous le feu du camp adverse, sans pouvoir sécuriser les positions avancées conquises. Au moins 24 combattants du CNT ont été tués et 40 personnes blessées par les pro-Kadhafi qui utilisent roquettes, obus et artillerie lourde mais aussi tireurs embusqués pour défendre leurs bastions où la situation est mouvante avec les combattants qui entrent et sortent au gré des combats. Pourtant, au moins 6000 combattants du CNT ont été mobilisés sur ce front, selon le commandant Salem Jeha qui a affirmé que ses hommes contrôlaient l'aéroport et une importante base aérienne. Mais selon un combattant, Abdel Rauf Al Mansouri, malgré ce déploiement massif, seul un petit nombre d'hommes combattaient. «Nous ne tenons même pas 5% de Syrte parce que nous ne faisons que pénétrer puis ressortir.» L'Otan, qui contribue à l'effort militaire des ex-rebelles, a touché 11 cibles samedi dans la région de Syrte et 11 dans l'oasis de Djofra à environ 300 km au sud de Misrata et toujours sous contrôle des pro-Kadhafi, selon son rapport quotidien. Malgré la bataille féroce, le porte-parole militaire du CNT, Ahmad Bani, a affirmé que la prise de Syrte et de Bani Walid était une affaire de «quelques jours». Et une annonce de leur chute sera suffisante, selon lui, pour vaincre la résistance des «mercenaires» à Sebha, un autre bastion à 750 km au sud de Tripoli. Plus au sud, les forces anti-kadhafistes disent avoir capturé la petite localité de Birak au cours de leur avancée vers Sabha, à 700 km au sud de Tripoli.