A trois jours du dépôt de la demande d'adhésion à l'ONU d'un Etat palestinien, qu'il compte présenter vendredi prochain, le président palestinien Mahmoud Abbas a indiqué que le peuple palestinien et sa direction s'attendent à une «situation très difficile» après la demande. S'adressant aux journalistes dans l'avion qui le transportait à New York, il a espéré malgré tout «qu'Israël reconnaîtra la Palestine, afin de ne pas rater l'occasion de la paix». Par ailleurs, et en prévision de cette demande qui fait agiter le monde, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a rencontré, dimanche soir à New York, le chef du gouvernement de l'Autorité palestinienne, Salam Fayyad. Lors de cette rencontre aux Nations unies, les deux responsables ont évoqué la sécurité et les questions politiques d'actualité, selon un communiqué. M. Abbas, à la tête d'une importante délégation, est arrivé dimanche à New York pour prendre part à la session annuelle de l'ONU. Il soumettra à l'examen de l'Assemblée générale une demande de reconnaissance d'un Etat palestinien indépendant dans les frontières de 1967. Cette intention, annoncée par M. Abbas en mars dernier, a déclenché les foudres d'Israël, des Etats-Unis et de certains pays occidentaux, qui ont qualifié cette démarche d'«unilatérale» et appelé les Palestiniens à reprendre les négociations avec l'Etat hébreu. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, prendra également la parole à la tribune de l'ONU. Par contre, des pays arabes, latino-américains et africains ont apporté leur soutien à la démarche des Palestiniens. Ainsi, le Premier ministre mauricien défendra la demande. Navin Ramgoolam a quitté Maurice dimanche 18 septembre pour se rendre à l'Assemblée générale des Nations unies. La position de Maurice est vue avec inquiétude du côté de Washington qui a tenté de dissuader Port-Louis de souscrire à la demande. Le prix d'un veto pour Washington La demande n'a aucune chance d'aboutir devant le Conseil de sécurité. Les Etats-Unis ont déjà annoncé qu'ils opposeraient leur veto le cas échéant, comme ils s'y sont engagés auprès de leur allié israélien. Mais sur le plan diplomatique, les Etats-Unis risquent de payer le prix fort leur opposition sèche à la reconnaissance de ce nouvel Etat. Pour éviter de devoir faire usage de son droit de veto, Washington fait, depuis de nombreuses semaines, des pieds et des mains pour empêcher que le président palestinien ne mette son projet à exécution. Le président américain, Barack Obama a beaucoup à perdre. A commencer par les progrès engrangés dans les relations des USA avec le monde musulman. Depuis son discours à l'université du Caire, en 2009, le président américain a mis beaucoup d'énergie pour redorer le blason des Etats-Unis dans de nombreux de ces pays. Il y avait notamment condamné la colonisation israélienne en Cisjordanie (laquelle a repris depuis). Plus récemment, Obama avait soutenu dans ses discours les révolutions tunisienne, égyptienne, libyenne et même syrienne, au nom de la démocratie et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Comme le souligne un diplomate saoudien, en ne soutenant pas la démarche palestinienne, l'administration Obama risque donc de «perdre le peu de crédibilité qu'elle a dans le monde arabe». Amenuisant d'autant la capacité d'influence américaine au Moyen-Orient. En outre, le vote intervient dans un moment de l'histoire où deux alliés stratégiques des Etats-Unis dans la région - Egypte et Turquie - connaissent de graves crises relationnelles avec Israël.