C'est une marche «timide» que le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), non agréé, a organisé hier à Tizi Ouzou. Environ une centaine de personnes a pris part à cette manifestation pacifique malgré la forte mobilisation et les affiches qui ont atteint les villages les plus reculés de la wilaya, depuis plus de 15 jours. La marche du MAK est venue, selon ses initiateurs, pour dénoncer la terreur et la recrudescence de la violence en Kabylie, mais aussi pour rappeler la revendication chère à Ferhat M'henni et consorts concernant «l'autonomie» de la Kabylie. Prévue à 11h, elle a été entamée avec une demi-heure de retard. Les initiateurs attendaient que la foule devant le portail principal de l'université Mouloud-Mammeri, point du départ, s'agrandisse, en vain. Brandissant les drapeaux chers au MAK, les marcheurs se sont avancés dans le calme en direction de la grande rue. Les policiers ont cédé le passage et libéré la route aux marcheurs. «Votre répression renforce notre détermination», «Halte à la terreur en Kabylie, le peuple kabyle soutient ses frères amazighs en Libye», pouvait-on lire sur des banderoles brandies par les militants de l'autonomie, dont la majorité, faut-il le préciser, étaient des étudiants. D'ailleurs, le choix de la date n'est pas fortuit. Il est connu que le MAK ne peut drainer de foule sans la communauté estudiantine de Tizi Ouzou ! Arrivés devant le stade du 1er-Novembre, les marcheurs s'en sont pris au président de la JSK, Mohand Chérif Hannachi, l'appelant à quitter la présidence du club phare de la Kabylie. «Hannachi dégage !», est-il scandé. «Nous, les Kabyles, avons marre de l'injustice, l'affaire de Fréha a brisé les cœurs», ne cessaient par ailleurs, de scander en langue berbère les marcheurs, en référence à la bavure militaire qui a coûté la vie, le 11 septembre dernier, à Zahia Kaci de Fréha. En outre, les «Makistes» n'ont pas manqué l'occasion pour s'en prendre au «pouvoir», l'accusant de vouloir semer la terreur à Tizi Ouzours. «Pouvoir assassin», «Y en a mare de se pouvoir». Ou encore «Libérez l'histoire, l'Algérie n'est pas arabe», pouvait-on entendre. Passant la rue Lamali, dite de «l'hôpital», les marcheurs ont observé une halte à la place des Martyrs du printemps noir de 2001, avant de continuer leur avancée jusqu'à la place de l'ancienne mairie. Sur place, des responsables locaux et régionaux du parti de Ferhat se sont succédé au mégaphone pour rappeler les lignes du MAK, et appeler les autorités du pays à organiser un «référendum sur l'autonomie de la Kabylie». Dans l'indifférence de la quasi-majorité des citoyens de la ville des Genêts, la poignée des marcheurs s'est dispersée dans le calme.