L'une des décisions phares de la 14e tripartite, réunie jeudi et vendredi à Alger, a trait à la hausse de 20% du Salaire national minimum garanti (Snmg). Fixé actuellement à 15 000 DA, il passera à 18 000 DA en janvier 2012. Une décision que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a confirmé lors d'une conférence de presse qu'il a animée hier matin, précisant que celle-ci intervient en plus des augmentations de salaires octroyées précédemment par les pouvoirs publics au profit des différentes catégories professionnelles. M. Ouyahia rappellera aussi que durant les deux dernières années, le Snmg a été augmenté, passant de 12 000 à 18 000 DA. Il évalue en outre à 75 milliards de dinars l'impact financier que suscitera cette seconde revalorisation du salaire de base. Par ailleurs, dans le communiqué final des travaux de ce rendez-vous qui a regroupé les trois partenaires, le gouvernement, l'UGTA et le patronat, il est indiqué que la revalorisation des pensions de retraite a été confiée à un groupe de travail tripartite. Ce dernier aura la charge d'examiner «des possibilités d'augmenter le taux de cotisation de la branche retraite pour assurer à la caisse les recettes supplémentaires nécessaires à la prise en charge durable de ses obligations envers les retraités», selon le document. Cette décision a été dictée par le souci «de ne pas mettre en danger les équilibres de la Caisse nationale des retraites ainsi que ceux du budget de l'Etat», ajoute le même texte où il est indiqué que le gouvernement «veillera à dégager une solution raisonnable et appropriée à cette question». Retraités et baisse de l'IRG : le niet du gouvernement Toujours à propos de l'augmentation des pensions des retraités, le Premier ministre mettra l'accent sur l'incapacité du Fonds national des retraités quant à supporter de nouvelles charges supplémentaires. M. Ouyahia se dit aussi convaincu qu'il n'existe aucun des retraités algériens qui perçoit moins de 75% du SNMG. Il a toutefois indiqué que le gouvernement a promis à ses partenaires de faire «un geste de solidarité» envers les retraités, en soulignant que le passage du Snmg de 15 000 DA à 18 000 DA signifie aussi 20% de plus pour les petites retraites. «Nous pouvons subitement promettre monts et merveilles», a-t-il affirmé avant d'expliquer que le Fonds de réserve de retraite qui vient de passer de 2% à 3% de la fiscalité pétrolière n'est pas durable, et «un jour, il n'y aura plus de part de fiscalité à donner à la retraite». «Aujourd'hui, l'Etat s'en tire globalement bien, mais rien n'est sûr demain», a-t-il averti avant de relever que «la bataille de la retraite est une bataille planétaire». A propos de la baisse de l'IRG (impôt sur le revenu global), le Premier ministre a clairement notifié le niet du gouvernement. «J'ai définitivement dis à mes partenaires (syndicat et patronat) qu'il ne faut plus qu'on attende du gouvernement de baisser un centime d'impôts sur n'importe quel chapitre», a souligné M. Ouyahia. Ceci pour la simple raison que l'IRG constitue une source majeure de la fiscalité ordinaire du pays, lit-on dans le communiqué. Cette fiscalité «ne couvre pas la moitié des dépenses du budget de fonctionnement», selon M. Ouyahia. Le refus de baisser l'IRG est aussi dicté par le souci d'éviter toute mesure de nature à aggraver l'ampleur du déficit budgétaire», indique-t-on encore. Pour le chef de l'Exécutif, les pouvoirs publics cèdent 450 milliards DA par an de fiscalité à laquelle l'Etat renonce au titre des avantages du régime d'investissement. Au sujet de l'article 87 bis du code du travail, le Premier ministre annonce que la révision de cette disposition de loi contenue dans le code du travail se fera dans un avenir très proche, précisant qu'un tel exercice ne relève pas d'une sinécure, eu égard au déficit budgétaire que cela pourrait induire sur la vie des grandes entreprises. Nouvelles mesures pour dynamiser l'économie D'autre part, et s'agissant du volet économique, les décisions adoptées par la tripartie portent notamment sur l'octroi de crédits bancaires aux opérateurs économiques avec un intérêt de 3,5%, selon le Premier ministre. Le remboursement de ces intérêts sur un délai de 3 ans sera à la charge de l'Etat, a-t-il précisé. A cela s'ajoute la décision du gouvernement de procéder au rééchelonnement des dettes des entreprises. Autre décision, prolongement du délai des rapatriements des revenus des exportations hors hydrocarbures portée à 180 jours au lieu de 120 jours tel que fixé actuellement. Ajoutez à cela le relèvement du taux de concession en devises au profit des opérateurs économiques de 10 à 20%. En sus de ces décisions de nature à dynamiser la sphère économique, M. Ouyahia mettra l'accent sur la mise en application des recommandations prises lors de la dernière tripartite du 28 mai 2011 et qui sont au nombre de 200 recommandations. Néanmoins, et selon le Premier ministre, «la vraie révolution reste celle des mentalités» qu'il faudra changer pour mettre fin notamment à la pratique de la bureaucratie. M. Ouyahia annonce par ailleurs la tenue d'une rencontre en mars qui regroupera des représentants du gouvernement, de l'UGTA et du patronat pour procéder à l'évaluation de la mise en œuvre des décisions prises lors de cette 14e tripartite.