«La première fournée de véhicules de tourisme fabriqués en Algérie sortira des usines de Fatia avant la fin de l'année en cours (...).» C'était en ces termes que l'ancien ministre de l'Industrie, El Hachemi Djaâboub, défendait encore, le 28 septembre 2004, le projet «Fatia» du nom de cette première voiture touristique algérienne conçue avec le constructeur italien Fiat et qui devait sortir du complexe de Tiaret avant décembre de la même année. Il n'en fut rien. Malgré la profession de foi du ministre, le projet est tombé à l'eau. Mieux : le 29 juin 2009, le président de la République signe un décret portant création de l'établissement de développement de l'industrie de véhicules de Tiaret (Ediv) placée sous la tutelle du ministère de la Défense nationale (MDN). «L'établissement est chargé d'assurer la conception, les études, le développement, la production et la commercialisation de véhicules tout-terrains. Il peut entreprendre toute opération pouvant se rattacher à son objet et à son développement et fournir toute prestation de nature à rentabiliser ses potentialités techniques, industrielles et/ou commerciales, sans compromettre les programmes d'activités qui lui sont assignés», stipule le décret. L'usine, pour laquelle on a dépensé 100 millions de dollars, selon M. Djaâboub, est ainsi versée au patrimoine du secteur économique du MDN. Le ministère reprend alors les infrastructures existantes pour la production de véhicules tout-terrains avec des partenaires étrangers. En août 2009, le gouvernement algérien, «Aabar», un fonds public installé à Abu Dhabi, et les sociétés allemandes Daimler (où Aabar est actionnaire), Deutz et MTU ont signé un protocole d'accord qui porte notamment sur la création de trois sociétés mixtes chargées de conduire et d'exploiter des projets industriels au niveau des pôles mécaniques de Aïn Smara, Oued Hamimine et Tiaret. Trois sociétés mixtes créées en 2011 Mardi dernier, en application de ce protocole, deux pactes d'actionnaires ont été signés entre des sociétés de droit algérien et Aabar Investments. Selon un communiqué du MDN, les deux pactes portent sur la création de deux sociétés mixtes de production de véhicules utilitaires et de moteurs : la première, implantée à Tiaret, a pour mission la production de VLTT (4X4) et de véhicules utilitaires ; la deuxième se spécialisera dans la production de moteurs sur le site de Oued Hamimine à Constantine. Quant à la troisième, «la société algérienne de fabrication de véhicules spéciaux» (Rheinmetall-Algérie-SPA), elle a été constituée en mars dernier et enregistrée à Constantine. Elle est composée de cinq actionnaires : GPIM (MDN), Sofame, et les sociétés Aabar, Ferrostaal (RFA) et Rheinmetall. Cette société procédera, dès cette année, à «l'implantation sur le site de Aïn Smara d'une industrie de véhicules par la modernisation du complexe Pelles et Grues de l'ENMTP et la relance de son centre de formation, en vue de dispenser des programmes de formation professionnelle, hautement spécialisés, pour des productions de la marque et du label de ce partenaire», avait indiqué un précédent communiqué du ministère de la Défense, précisant que l'entreprise démarrera avec un effectif de 200 personnes, pour la création de 800 à 1000 postes de travail dès 2012. En plus du lancement de ces trois sociétés mixtes, un autre protocole d'accord de partenariat industriel et commercial algéro-émirati-allemand portant sur la modernisation et l'extension de la plateforme de production de véhicules industriels de Rouiba (Alger) a été signé, en mars dernier, pour créer une société mixte algéro-émiratie, avec comme partenaire technologique le groupe Daimler. L'accord porte sur la fabrication de véhicules industriels de marque Mercedes-Benz, sur le site de la SNVI à Rouiba. Il est fixé à cette société, dès les premières années, et après remise à niveau des installations, l'objectif de produire 8500 véhicules industriels/an, tous types confondus, de marque et de label Mercedes-Benz, pour atteindre 16 500 véhicules/an au bout de cinq ans. Cette production est destinée à la satisfaction des besoins du marché national. Les coûts de ces investissements en infrastructures et en exploitation ne sont pas rendus publics.