Vingt-quatre personnes ont été tuées et plus de 200 blessées dimanche au Caire lors d'affrontements qui ont accompagné une manifestation de Coptes (chrétiens d'Egypte) qui protestaient contre l'incendie d'une église, alors que l'Egypte connaît une montée des tensions interconfessionnelles. Le gouvernement égyptien devait tenir hier une réunion d'urgence sur ces affrontements entre les manifestants et les forces de sécurité. Les conflits ont éclaté dimanche soir devant le bâtiment de la chaîne de télévision d'Etat dans le centre-ville du Caire, où des milliers de Coptes se sont déplacés pour demander le départ du gouverneur d'Aswan, Mousatafa El Sayed, qui avait récemment indiqué que le nombre de Coptes présents dans le village de Marinap n'était pas assez important pour justifier la construction d'une église, déclaration qui avait mis en colère les Coptes. Selon le ministère égyptien de la Santé, au moins 10 des blessés se trouvent encore dans un état critique. Lors d'un discours télévisé hier, le Premier ministre égyptien Essam Sharaf a appelé les Egyptiens à rester unis contre les complots des forces intérieures et extérieures destinées à affecter la sécurité nationale et à semer la sédition entre l'armée et les civils, les musulmans et les chrétiens. Il a ajouté que l'Egypte était «en danger» après ces violences meurtrières tandis que la police militaire assurait que le calme était revenu dans la capitale. «Ces évènements nous ont ramenés en arrière au lieu d'aller de l'avant pour construire un Etat moderne sur des bases démocratiques saines. La chose la plus dangereuse qui puisse menacer la sécurité de la nation, c'est de jouer avec la question de l'unité nationale et de provoquer la sédition entre chrétiens et musulmans et aussi entre le peuple et l'armée», a-t-il poursuivi. «C'est le but de ces violences mais nous ne céderons pas à ces complots pernicieux et nous n'accepterons pas de revenir en arrière», a-t-il enfin déclaré, en appelant les Egyptiens «à la cohésion et à l'union». Les Coptes ont manifesté pour demander le renvoi du gouverneur, à qui ils reprochent de n'avoir pas su protéger leur lieu de culte. Le cortège a bloqué une rue devant le siège de la télévision officielle égyptienne et a mis le feu à plusieurs véhicules militaires, selon des images d'Al-Arabiya. En marge de la manifestation, des échanges de tirs ont eu lieu. Les Coptes affirment avoir été attaqués par la police militaire. «Nous défilions pacifiquement, a dit Talaat Youssef, un chrétien de 23 ans. Quand nous sommes arrivés devant le siège de la télévision officielle, l'armée a ouvert le feu à balles réelles.» «Un véhicule de l'armée a roulé sur cinq manifestants», a assuré le père Daoud, un prêtre copte. Dans la nuit, les autorités ont décrété un couvre-feu de 2h à 7h dans le centre du Caire.