Une ambiance tendue a entouré, hier, la rencontre nationale des redresseurs du parti FLN à Alger, alors que les travaux du conclave sont ressortis avec des propositions relatives aux réformes politiques tout à fait contradictoires avec les orientations d'Abdelaziz Belkhadem. C'est dans une ambiance électrique qu'ont débuté, hier à Draria, sur les hauteurs d'Alger, les travaux de la conférence nationale des cadres du Mouvement de redressement et d'authenticité (MRA) du parti du front de libération nationale (FLN), sachant que des parties se sont placées tôt dans la matinée pour empêcher le déroulement de cette rencontre. D'après l'un des organisateurs, Merouane, «le fils d'Abdelaziz Belkhadem, Chawki Zakaria, accompagné de deux fonctionnaires de l'Assemblée populaire nationale (APN), a voulu forcer le cordon de sécurité mis en place autour de la salle des travaux pour tenter de semer la zizanie et empêcher la rencontre». «Il m'a menacé en personne et nous avons déposé plainte auprès des services de sécurité», a poursuivi le plaignant. Un militant très proche de Belkhadem s'est infiltré dans la salle des travaux comme journaliste, avant qu'il ne soit repéré par les organisateurs et expulsé de la salle, non sans lancer des slogans pro- Belkhadem. Ceci au moment où un groupe de «baltagui» s'est rassemblé autour de la salle où se déroulaient les travaux pour crier des slogans hostiles aux redresseurs, avant qu'ils ne soient dispersés par les forces de l'ordre. Parlant de forces de l'ordre, il y a lieu de signaler qu'un dispositif immense était déployé ce jeudi à Draria autour de la salle des travaux et des accès y menant. Une étape de non-retour Pour en revenir aux travaux, disons que cette conférence est considérée par les redresseurs du vieux parti comme un «mini-congrès» faisant dans le sens d'encadrer le mouvement et de le structurer au niveau de sa base. Pas moins de 600 délégués, venus de toutes les wilayas du pays, ont participé à la rencontre de Draria ce jeudi. Ouvrant les travaux, Salah Goudjil, le coordinateur du mouvement, a déclaré qu'«aujourd'hui, nous sommes arrivés à une étape où nous devons décider des élections à venir… Nous irons aux élections avec nos propres listes. Il restera à savoir si nous aborderons les élections avec des listes d'indépendants ou bien avec le sigle du parti. Tout sera décidé selon les mécanismes de la nouvelle loi sur les partis». La rencontre à laquelle ont pris part pas moins de 70 membres du comité central du parti, des députés, des sénateurs et des hommes d'affaires, a permis au mouvement de rendre publiques ses orientations sur les réformes qui se déroulent actuellement en Algérie. En préambule, les redresseurs souhaitent que «la priorité soit accordée à l'amendement de la Constitution avant les autres lois organiques» et plaident pour l'instauration d'une «commission nationale compétente, intègre et neutre composée de spécialistes avec l'implication des acteurs-clés de la société», selon les termes du document remis à la presse. En ce qui concerne la séparation des pouvoirs, les redresseurs proposent un mandat présidentiel de quatre ans renouvelable une seule fois et l'obligation faite au président de la République de prononcer un discours chaque année devant les députés. Le Premier ministre, aux yeux des redresseurs, devrait être nommé de la majorité parlementaire et devrait se présenter au Parlement chaque semaine pour répondre aux questions des députés. Une manière de séparer les pouvoirs et identifier les responsabilités du chef de l'Etat et du Premier ministre et ainsi «éviter la monopolisation des décisions», selon le même document. Le nomadisme politique décrié Les redresseurs du FLN défendent aussi la thèse faisant part de la démission du gouvernement six mois avant la tenue des élections «pour éviter l'utilisation des deniers publics pour des raisons partisanes», contrairement aux vœux de Belkhadem, ainsi que la mise à l'écart des hommes d'affaires de la course à la députation. Les redresseurs proposent, par ailleurs, l'interdiction du nomadisme politique, afin de ne pas désemplir les partis de leurs élus. Concernant le quota des femmes dans les assemblées élues, le MRA suggère l'adoption de listes locales et nationales séparées réservées aux femmes dans la limite de la loi, sans toutefois préciser un pourcentage. A priori, la libération du champ politique pour permettre la création de nouveaux partis demeure une nécessité et une priorité, selon les redresseurs. Concernant le secteur de l'information, les redresseurs appellent à la libération de l'audiovisuel aux privés, la réactivation du Haut-Conseil de l'information, la fin du monopole de la publicité publique et la levée des restrictions sur les journaux et les magazines.