Bien que les deux amendements, apportés par la commission des affaires juridiques, administratives et des libertés de l'APN, au projet de loi fixant les modalités d'élargissement de la représentation de la femme au sein des assemblées élues, étaient son conteste «le sujet du jour», il s'est avéré tout au long des débats, auxquels ont pris part 105 députés, que les enjeux étaient ailleurs. Des «soutiens critiques» pour une «évolution graduelle» du texte au «refus catégorique» pour motif d'«incompatibilité» avec la Constitution en passant par les poids des traditions, on aura tout vu et entendu jeudi à l'hémicycle Zirout-Youcef, à moitié vide. D'emblée, et encore une fois, c'est surtout la commission dirigée par le FLN qui est mise en cause. Les deux amendements qu'elle a apportés, relatifs à la réduction du taux préalablement «fixé» en conseil des ministres à travers l'article 2 du texte qui stipule que chaque liste des candidats doit comporter une proportion de femmes qui ne peut être inférieure au tiers (1/3), ont été sévèrement critiqués, y compris par les députés FLN, initiateur du nouveau taux de 20% seulement. Si certains députés FLN, pour des calculs politiciens avérés, soutiennent que ce texte constitue une «décision politique audacieuse» garantissant «des mécanismes opérationnels et objectifs», d'autres députés de la formation de Belkhadem, à l'instar de Ouardia Aït Merar, affirment qu'«on ne pouvait pas être d'accord avec le principe de la promotion de la femme politique et être contre ce quota de 1/3», estimant qu'il s'agit la d'une «contradiction». «On ne peut pas soutenir les réformes du président de la République et changer le contenu de ce projet de loi», a-t-elle souligné, soutenant que le texte devrait être voté tel qu'il a été rédigé. Même ton chez le RND qui soutient «sans réserves les réformes du président». «Le problème ne réside pas dans le taux, qu'il soit de 20, 30 ou 40%», mais plutôt «dans les mécanismes qui permettent à l'élément féminin d'atteindre ces taux à travers une forte présence au sein des assemblées élues», soutient Benhalima Boutouiga du RND, rappelant que «c'est l'actuelle assemblée qui a voté la révision de la constitution en 2008 qui a consacré le principe d'élargissement de la représentation de la femme à travers l'article 31bis». Pour Boutouiga, qui évoque certaines manœuvres en les qualifiant d'«informel politique, «il ne faut pas tourner autour du pot». Il n'y a pas de raison pour lui de rejeter le texte. «Au RND, nous n'avons aucun problème avec les taux», soutient-t-il. Yamina Anani du FLN, a, elle aussi «déploré» les deux amendements introduits par la Commission, estimant que cette mesure reflète «une vision superficielle». Pour elle, l'élargissement de la représentation des femmes doit toucher tous les postes de responsabilité. Le texte, «une représentation formelle», «une mesure superficielle» Au MSP, membre de l'Alliance présidentielle, par contre, l'on estime que le système des quotas est «anti-démocratique». C'est ce que soutient le député Mohamed Mahmoudi pour qui le texte n'est une «représentation de forme» destinée «à remplir les listes électorales», alors que la réalité sociale du pays est toute autre. C'est «un changement progressif» qu'il faut, selon un autre député de la même formation qui propose de baisser le taux à 15% pour l'APN et 10% pour l'APW et l'APC. Du côté de l'opposition, l'on s'oppose également largement au système des quotas. Ramdane Taazibt, du PT, a réaffirmé l'opposition de son parti au système des quotas et affirmera que «ce n'est pas de cette manière qu'on pourra promouvoir la représentation de la femme». Le projet de loi est selon lui «une mesure superficielle ne permettant pas une résolution profonde des problèmes de la femme». Le député d'El Islah,Filali Ghouini, évoque pour sa part l'inutilité du système des quotas, tout en proposant de prendre en compte les différences de chaque région, alors que le FNA estime par le biais du député Brahim Messai que le projet «menace les fondements démocratiques». L'apparente disparité entre les femmes et les hommes dans la société «ne procède pas d'une insuffisance ou d'une lacune dans la Constitution, et la loi est la résultante de l'interaction d'éléments historiques, sociaux et économiques qui a fini par éloigner la femme de la vie politique», a reconnu M. Belaiz lors de la présentation du projet, affirmant que c'est à l'Etat de garantir l'accès des femmes au assemblées. Le système des quotas est pour lui «le plus appropriés». Mais il faut au final signaler que beaucoup d'intervenants, et dans le camp des opposants et dans celui des pro, n'ont cessé de justifier leurs positions par des versets du Coran et des hadiths. Si l'on justifie encore une fois «la chose politique» par des référents profondément religieux, il y a vraiment de quoi s'inquiéter.