Les 7e journées internationales de cancérologie de Constantine tenues les 14, 15 et 16 octobre au Palais de la culture Malek Haddad ont été une autre occasion pour les professionnels de la santé de tirer la sonnette d'alarme concernant la situation des malades atteints de cancer en Algérie. Cette année, le thème choisi est celui des cancers de la femme qui ont connu une augmentation d'incidence très nette depuis 1990. Selon le Pr Kamel Bouzid, président de la société algérienne d'oncologie médicale et chef du service oncologie du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) d'Alger «le nombre de nouveaux cas de cancer du sein a été multiplié par six de 1990 à 2010», près de 10 000 nouveaux cas pour cette année. Selon une étude effectuée au niveau du CHU de Beni Messous et dont les résultats ont été communiqués le mois d'avril 2011, le cancer du sein est le plus fréquent, pour lequel il faut optimiser le traitement dans des délais raisonnables. Le Pr Bouzid précisera : «Pour ce qui est du traitement médical du cancer, il est accessible gratuitement aux malades cancéreux et l'oncologie s'est développée de manière à couvrir plusieurs régions du pays autres qu'Alger, Oran, Constantine ou Blida avec des spécialistes et surtout un personnel paramédical. L'Etat et le ministère ont mis les moyens qu'il faut, mais le problème qui se pose est un problème de distribution de médicaments et de gestion». De son côté, le Pr Assia Bensallem, présidente du comité d'organisation des journées et cancérologue au niveau du CAC de Constantine, soulève le problème constant de l'indisponibilité de drogues, la rupture de certains médicaments comme le Transtuzumab, indispensable pour les nouveaux cas et en manque depuis 8 mois dans l'Est, ce qui chamboule les protocoles et les retards de 15 à 20 jours, sans oublier les répercussions sur le traitement. Mme Bensallem n'omettra pas de préciser que «le laboratoire spécialisé dans la fabrication de ce médicament a promis la livraison dans 3 semaines». Il est à noter que le CAC enregistre chaque année 350 nouveaux cas. Abordant le sujet de la radiothérapie, les spécialistes, à leur tête le Pr Bouzid, sont unanimes à dire qu'elle est presque inexistante. «La radiothérapie est dans un état calamiteux en Algérie», a encore précisé le professeur qui espère que les directives du président de la République annoncées pour l'acquisition de centres et de matériels seront appliquées. Un autre point a été soulevé, celui du remboursement insignifiant de la Cnas. «70% des actes chirurgicaux concernant les cancers notamment de la femme sont faits au niveau des cliniques privées et la sécurité sociale ne rembourse que 3000 DA, alors que l'acte coûte entre 100 000 et 150 000 DA», a encore indiqué le Pr Bouzid avant de poursuivre : «Il n'y a pas d'actualisation, ni pour la tarification, ni pour le remboursement qui continue à se faire selon les tarifs de 1987». Le vaccin contre le cancer du col de l'utérus toujours non enregistré Sur un autre registre, le vaccin contre le cancer du col de l'utérus, utilisé dans le monde entier sauf en Algérie, car il n'est pas enregistré ! En effet, l'introduction dudit vaccin, prévue depuis en 2007 en Algérie, n'a jamais vu le jour. Le cancer du col de l'utérus est, après celui du sein, le cancer le plus fréquent chez la femme. Selon les statistiques hospitalières, pas moins de 1600 nouveaux cas sont recensés chaque année en Algérie, dont 80% des cas sont à des stades très avancés. Pire, quatre femmes décèdent chaque jour au niveau national de cette lourde pathologie, alors que l'espérance de vie des malades ne dépasse pas les cinq ans. Le vaccin contre le cancer du col de l'utérus est prescrit à partir de l'âge de 14 ans et reste valide jusqu'aux premiers rapports sexuels de la femme.