Le monde franchira lundi le cap des sept milliards d'habitants, selon les estimations de l'ONU, qui souligne à cette occasion les inégalités croissantes sur la planète et le nécessaire partage des richesses pour y remédier. Le palier des 6 milliards avait été atteint en 1999. L'ONU avait alors choisi Adnan Nevic, un bébé né à Sarajevo, comme représentant du six milliardième habitant de la planète. Cette fois, l'ONU s'est gardée de désigner un "gagnant" à l'avance et plusieurs pays ont prévu d'annoncer que l'heureux élu a vu le jour chez eux. Pour le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui marquera l'événement par une conférence de presse, le passage aux 7 milliards n'est pas à prendre à la légère. "Ce n'est pas une simple affaire de chiffre. C'est une histoire humaine", a-t-il déclaré dans une école new-yorkaise la semaine dernière. "Sept milliards de personnes ont besoin de nourriture. D'énergie. D'offres intéressantes en matière d'emplois et d'éducation. De droits et de liberté. La liberté d'expression. La liberté de pouvoir élever ses enfants en paix et dans la sécurité. Tout ce que chacun souhaite pour soi, multiplié par 7 milliards". C'est ce message que le secrétaire général devrait porter devant le sommet du G20 la semaine prochaine à Cannes: face à une population qui croît dans un contexte de crise économique mondiale, les dirigeants du monde doivent s'attendre à davantage de révoltes. Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), qui a publié vendredi son dernier rapport, prédit que la population va continuer à progresser pour atteindre 9,3 milliards en 2050 et plus de 10 milliards d'ici la fin du siècle. Les Nations unies prévoient ainsi que d'ici 2025, l'Inde deviendra le pays le plus peuplé du monde, devant la Chine, avec près de 1,5 milliard d'habitants. Dans ce rapport, les experts mettent en garde face aux défis qui attendent le monde. Pour les pays les plus pauvres, les gouvernements vont être confrontés à la difficulté de trouver un travail à l'armada de jeunes qui arrivera sur le marché. Sans compter le réchauffement climatique, la sécheresse et l'explosion incontrôlée des mégapoles. Le Japon, comme d'autres pays riches, devra faire face au vieillissement de sa population. En Europe du Nord, le nombre des plus de 60 ans n'a cessé d'augmenter ces vingt dernières années, porté par une espérance de vie estimée à 80 ans, contre 54 ans en Afrique sub-saharienne. Les plus de 60 ans, qui étaient 384 millions en 1980, sont aujourd'hui 893 millions et devraient être 2,4 milliards en 2050, selon l'UNFPA. "Il s'agit là d'un succès mondial, mais le vieillissement de la population représente aussi de nouveaux défis au regard de la croissance économique, des soins médicaux et de la sécurité des personnes âgées", souligne l'ONU. Dans les régions les plus développées, un habitant sur quatre est maintenant âgé de plus de 60 ans. D'ici 2050, la proportion passera à un sur trois. L'UNFPA signale que le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour a diminué, passant de 1,8 milliard en 1990 à 1,4 milliard en 2005. La proportion du nombre de personnes qui ont faim a également baissé depuis 1990, mais en chiffres absolus, leur nombre a grimpé de 815 millions en 1990 à 925 millions aujourd'hui. Les disparités sociales continuent de croître. En 1960, les 20% les plus riches possédaient 70% des revenus. En 2005, ils possédaient 77% des richesses. Pour le chef de l'ONU, le septmilliardième bébé, où qu'il soit, "naîtra dans un monde de contradictions": "une abondance de nourriture, mais avec encore chaque soir, un milliard de personnes qui vont se coucher la faim au ventre", a-t-il dit dans une interview au magazine Time. Pour l'anecdote, le Bureau américain du recensement estime lui que le cap des 7 milliards ne sera franchi que le 12 mars 2012.