Une attaque d´Israël contre l´Iran serait imminente. La semaine dernière, Benyamin Netanyahu a officiellement annoncé que les manœuvres militaires à cette fin sont terminées. Le président Shimon Perez a qualifié, au même moment, d´«inévitable» cette option militaire destinée à détruire les installations nucléaires iraniennes. Une menace à prendre au sérieux La menace israélienne est à prendre au sérieux, car l´Etat hébreu a déjà menacé et détruit, en 1981, la seule centrale nucléaire dont disposait l´Irak, puis en 1987, celle qui était en chantier en Syrie. En plus, jamais les ingrédients d´une nouvelle intervention militaire israélienne du même genre n´ont été aussi évidents. La région est entrée depuis une année dans sa phase d´instabilité la plus cruciale. Moubarak n´est plus là pour garantir la sécurité d´Israël face à la montée des courants fondamentalistes en Egypte et la Syrie, alliée de l´Iran, continuera de résister aux pressions du «printemps arabe» et aux menaces de l´OTAN tant que Moscou et Pékin n´auront pas décidé de lâcher Bechar al Assad. L´OTAN qui vient de terminer le «travail» en Libye cible de manière encore plus pressante la Syrie. Toutefois, les Etats-Unis et l´Union européenne gardent à l´esprit qu´il ne faut pas fâcher la Russie et la Chine qui ont encore besoin d´avoir un pied au Proche-Orient. Il faut donc cibler le principal allié de Damas dans la région : l´Iran. De l´avis des «alliés», les Nations unies se laisseraient plus facilement convaincre de la menace qui pèse sur la sécurité d´Israël. Les arguments existent. Le programme d´enrichissement d´uranium en Iran est à un stade bien avancé. L´Agence Internationale de l´Energie Atomique (AIEA) n´a, certes, pas la preuve que Téhéran a déjà sa bombe atomique, mais elle a la certitude que la fabrication de la bombe nucléaire est à sa portée. L´Iran dispose, à cet effet, d´une bonne équipe de techniciens qualifiés, de la quantité nécessaire d´uranium enrichi et de suffisamment de têtes de missiles à charge nucléaire longue portée. L´AIEA, un instrument aux mains de l´OTAN ? L´AIEA a donc de bonnes raisons de s´inquiéter du développement du programme nucléaire iranien. Son rapport qui sera publié incessamment devrait confirmer tous les soupçons qui pèsent sur les intentions du régime des mollahs de chercher à se doter de l´arme nucléaire. A l´initiative de la France, le Conseil de sécurité ne devrait, d´ailleurs, pas tarder à prononcer de nouvelles sanctions encore plus draconiennes contre Téhéran qui ne devraient pas intimider le président Mahmoud Ahmaddinejad, pas plus que la menace israélienne. En première ligne donc, la France, dont le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a estimé, hier, «inacceptable» que l´Iran dispose de l´arme nucléaire car, dit-il, «c´est une menace pour la région et au-delà du Proche-Orient». Une crainte légitime qui a la particularité de passer sous silence une évidence de taille : l´Iran ne serait pas la seule puissance de la région à s´être dotée de l´arme atomique. Ses voisins, le Pakistan et l´Inde sont des puissances nucléaires alors qu´ Israël dispose de sa bombe depuis au moins cinq décennies. La France a aidé Israël à avoir sa bombe En 1952, un rapport secret du ministère français de la Défense, déclassé depuis, confirme l´assistance technologique nucléaire apportée à l´Etat d´Israël par la quatrième puissance militaire mondiale coloniale engagée dans la guerre d´Algérie et la campagne de Suez. Les Etats-Unis, de leur côté, ont financé et posé les installations nucléaires israéliennes dans le désert du Néguev alors que le régime de l´apartheid a fourni l´uranium enrichi en quantité suffisante qui permet à Israël de doter de ce combustible son stock de 300 missiles longue portée. Le programme nucléaire israélien a été entouré du plus grand secret. Jamais une équipe de l´AIEA n´a été autorisée à mettre les pieds dans le Néguev. L´ingénieur israélien Marcherai passera deux décennies dans le plus grand secret pour avoir confirmé qu´Israël avait sa bombe, ce qui était déjà un secret de Polichinelle. Aux Etats-Unis, cette question est taboue depuis le début des années 70 sur instruction de l´ex-président Nixon. Ni les médias, ni le congrès américain, ni la Maison Blanche n´en ont parlé publiquement. Aujourd´hui, l´AIEA, les Etats-Unis et l´Union européenne n´évoquent pas la possession par Israël de l´arme atomique. L´Etat hébreu qui n´est pas signataire du Traité de non-prolifération nucléaire (TNPN) est exempt de l´obligation qui est faite par l´AIEA à tous les Etats de permettre à ses experts d´enquêter dans leurs installations nucléaires à des fins civiles. Classer la question de l´Etat palestinien Faute d´obtenir du Conseil de sécurité le vote d´une résolution pour attaquer l´Iran, l´OTAN semble avoir confié cette tâche à Israël qui ne s´est jamais senti concerné par les obligations internationales qui s´imposent à tous les Etats. Les Etats-Unis et Israël auront finalement trouvé dans l´affaire du dossier nucléaire iranien la solution au problème que pose l´adhésion de la Palestine à l´ONU. La bombe iranienne est un bon prétexte pour en finir avec le régime de Ahmadineyad, de Bachar al Assad et de classer pour quelques bonnes et longues années encore la question de la création de l´Etat palestinien. D´ici là les colons juifs seront majoritaires en Cisjordanie.