Selon une étude internationale présentée hier à Alger par la Société algérienne de cardiologie (SAC), les maladies d'origine cardiovasculaire sont à l'origine d'un décès sur quatre en Algérie. C'est lors d'une étude épidémiologique internationale sur l'hypercholestérolémie appelée cepheus qui a impliqué plusieurs pays dont l'Algérie que les spécialistes ont obtenu ces résultats. Cette étude a été réalisée en Algérie auprès d'un échantillon de 1236 patients sur une durée de six mois. Cepheus démontre que le contrôle du principal facteur de risque cardiovasculaire, le mauvais cholestérol, est insuffisant, surtout chez le patient à haut et très haut risque : 1 patient sur 3 n'est pas à l'objectif fixé par les recommandations», indique le communiqué de la Société algérienne de cardiologie à l'issue d'une conférence de presse à Alger. Cepheus indique également que 53% des patients suivis durant cette période présentaient au moins un antécédent cardiovasculaire. Parallèlement à la hausse de mortalité liée aux insuffisances cardiaques, ces études révèlent également qu'il y a un manque de communication entre le patient et le médecin. «100% des médecins déclarent informer leurs patients de leur taux de cholestérol lors du diagnostic, tandis que seulement 47,4% des patients déclarent avoir été informés de leur taux de cholestérol par leur médecin lors du diagnostic initial», lit-on dans le document. Il est à noter que 83% de la population étudiée présente un risque de développer un problème cardiovasculaire. Beaucoup d'efforts doivent donc être consentis pour remédier à la situation, selon l'étude. Des recommandations pour remédier à cette conjoncture sont présentées dans le communiqué, à savoir : la sensibilisation des patients, l'amélioration de la communication entre les patients et les médecins ainsi que le développement d'un consensus national pour la prise en charge de maladies cardiovasculaires. Le patient algérien peut bénéficier de la meilleure prise en charge qu'il soit étant donné la subvention étatique du médicament en Algérie. «Quand le patient va consulter dans les pays voisins, le médecin n'a pas toujours le loisir de prescrire la molécule qu'il faut parce que c'est trop cher. Ce n'est pas le cas en Algérie, où il y a une couverture sociale qui est unique en Afrique», assure le Dr Habib Bennaceur, responsable au Maghreb du laboratoire Astrazeneca. L'une des causes de l'augmentation des maladies cardiovasculaires selon les spécialistes présents lors de la conférence serait la croissance démographique ainsi que la malnutrition. «Il y a eu des bouleversement dans nos comportements. L'Algérie a subi plusieurs colonisations. Au cours de chacune d'entre elles, il y a une période de misère et de famine au cours de laquelle nous avons développé des gênes de stockage. C'est comme l'ours polaire qui, pendant six mois, s'alimente bien pour garder des graisses pendant les six autres mois où ils doit vivre en hibernation», explique-t-il. Et d'ajouter : «Nous, nous avons développé des gènes d'adaptation qui nous permettent de vivre ces périodes de famine. À partir de 1962, cette période de famine s'est arrêtée. Est venue alors une période d'opulence, les gens rattrapent ce qu'ils n'ont pas mangé pendant des siècles, ils ont des gènes de stockage ; quand on mange on stocke, et donc on grossit».