S'il est une disposition de la nouvelle loi organique régissant le fonctionnement des associations qui a le plus dominé les débats, hier à l'APN, c'est incontestablement le financement étranger qui constitue, selon nombre d'intervenants, «une ingérence», «un cadeau empoisonné», qui nuirait à la «souveraineté nationale». Intervenant en fin de séance de la matinée, le député du PT, Ramdane Taâzibt, qui s'élève contre le financement étranger, considère que l'association qui reçoit des dons de l'étranger «perd sa souveraineté et son indépendance». Plaidant pour un financement public, le responsable du PT ne manquera pas de relever que «sous le prétexte d'échanges», les associations ainsi «limitées dans leurs prérogatives» peuvent porter atteinte à la souveraineté nationale. Pour Ramdane Taâzibt, qui salue «la volonté des pouvoirs publics» qui donne à ses yeux plus de prérogatives aux associations, l'expérience algérienne en matière de mouvement associatif n'est pas un échec. Le recul du rôle des associations est dû, selon lui, à la «tragédie nationale». Cependant, il s'interrogera sur le concept «flou» de «démocratie participative» énoncé dans le nouveau texte qui relève, selon lui, de la gestion des affaires de la cité, rôle qui n'échoit pas aux associations qui doivent accompagner le processus (gestion) qui revient de droit aux assemblées élues. La même préoccupation est partagée par Nordine Beghis du RND. Les associations et autres ligues sont les bienvenues en Algérie «pour peu qu'elles ne s'ingèrent pas dans les affaires internes du pays». «On ne veut pas de cadeaux empoisonnés», commente-t-il, avant de plaider pour «une transparence dans la gestion des fonds des associations». Salima Othmani du FLN abonde dans le même sens en applaudissant la disposition (article 31) qui interdit à toute association de recevoir des fonds d'organisations étrangères. Par contre, le député du MSP, Kamel Guergouri, se désole qu'on prive les associations de dons, considérant l'interdiction comme une «restriction». Sur les modalités de création d'association, le député MSP est favorable au système déclaratif. «Il faut considérer les associations comme partenaire», dit-il. Amine Allouche, dissident du MSP, s'est interrogé, quant à lui, sur le recours à un régime spécifique (article 3), lorsqu'il s'agit de la création d'une association à caractère religieux. «Pourquoi cette peur de tout ce qui a trait à la religion ?», s'est-il interrogé, avant de demander l'abrogation de l'article en question. Dans un autre registre, Mme Zerfa Benyekhlef du FLN préconise la création d'un «haut conseil aux association». D'autres intervenants ont également relevé le «contrôle» systématique de l'administration, «un obstacle» à l'émancipation, alors que d'autres ont évoqué les délais d'obtention d'agréments qu'il faut «réduire». Certains députés du FLN, notamment ceux qui soutiennent le texte, ont rappelé «l'anarchie» qui a régné dans le tissu associatif, considérant que le nouveau texte est venu y mettre un terme. Un partenaire actif pour le développement Le ministre de l'Intérieur et des Collectivité locales, qui devait répondre, hier soir, aux multiples interrogations et interventions (88) des députés, a estimé, lors de la présentation du texte, que ces nouvelles dispositions qu'il a énumérées, visaient essentiellement à «relancer et dynamiser l'action associative en mettant en exergue les potentialités et les compétences qu'elle recèle, notamment dans les domaines du savoir, des technologies de pointe et de la solidarité nationale, afin de permettre aux associations de jouer le rôle de partenaires efficients dans la réalisation des objectifs du développement global». Notant enfin que l'APN poursuit, aujourd'hui, ses travaux avec une plénière consacrée aux débats sur la loi relative à l'information. Les animateurs de l'Initiative pour la dignité des journalistes ont appelé à ce propos à un sit-in, aujourd'hui à 10h, devant l'APN.