L'avenir des relations entre l'Union européenne (UE) et les pays de la rive sud de la Méditerranée, à la lumière du printemps arabe et le rôle des médias dans le cadre d'une transition à la démocratie dans le monde arabe, ont été les principaux thèmes du séminaire, pour les journalistes euro-méditerranéens, qui a pris fin mercredi dernier au siège de la Commission européenne à Bruxelles, en Belgique. L'initiative organisée par ladite commission, de concert avec le Parlement européen, avait pour objectif un échange d'informations approfondi au sujet du printemps arabe, ses conséquences sur l'avenir des relations euro-méditerranéennes. Il était également question de définir la nouvelle possibilité de partenariat entre l'UE et les pays du monde arabe, plus particulièrement en matière de projet de communication en faveur de la promotion de la démocratie et des droits de l'homme dans les pays de la rive sud de la Méditerranée. Dans leur intervention, les eurodéputés pour qui l'information a valeur de «cœur palpitant de la démocratie» ont évoqué pour certains d'entre eux le cas de l'Algérie qui, faut-il le souligner, n'a pas connu de révolution comme c'est le cas en Tunisie, en Egypte, en Libye ou ailleurs dans le monde arabe. Les réformes politiques algériennes saluées En parlant de l'Algérie, Alar Olljum, conseiller du directeur pour le Moyen-Orient au Service européen d'action extérieure (SEAE), a salué les réformes politiques initiées par le président Bouteflika. Des réformes qu'il a qualifiées «de positives», avant de faire part de sa satisfaction au sujet de la volonté affichée d'ores et déjà par les autorités algériennes à accueillir une délégation de l'UE pour suivre le déroulement du scrutin des prochaines élections législatives de 2012. Alar Olljum ne manquera pas également de souligner l'implication active de l'Algérie dans la promotion de la politique de voisinage mise en application dans l'espace euro-méditerranéen. Andrew Jacobs, chef de la coordination géographique au sein de la commission européenne, considère que «beaucoup d'améliorations ont été observés en Algérie, contrairement au Maroc qu'il décrit comme un pays qui est encore «loin de la démocratie». S'agissant toujours de notre pays, Pier Antonio Panzeri, député au Parlement européen (PE) et président de la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb et de l'UMA, a lui aussi dressé un constat positif de la situation qui prévaut en Algérie. D'autres parlementaires européens ont fait part de la réorientation des financements accordés initialement par l'Union européenne pour la réalisation de projets d'infrastructures, notamment dans le domaine de l'hydraulique en Algérie et qui sont par la suite transférés en faveur de projets pour la jeunesse. Complaisance avec des ex-dictateurs : le mea-culpa des eurodéputés Vu que le thème essentiel du séminaire a porté sur le printemps arabe ayant provoqué la fin de règne de certains dictateurs arabes, beaucoup de représentants de médias des pays issus de la rive sud ont interpellé les eurodéputés sur les liens complaisants qu'ils entretenaient jadis avec ces ex-dirigeants. La réponse des concernés a sonné comme un véritable mea-culpa. «On a commis une grave erreur», a affirmé sans équivoque le député italien Gianni Pittela, vice-président du Parlement européen (PE) et responsable des relations euro-méditerranéennes. Le même intervenant a surtout déploré le fait que les relations entre l'Europe et les présidents arabes déchus par la révolte populaire ont priorisé l'intérêt économique, reléguant au second plan les questions de démocratie et de liberté. Les eurodéputés ont aussi souligné la complexité de la politique extérieure du Parlement européen, en indiquant que dans une institution où sont représentés les 27 pays du Vieux continent, il est difficile «de mettre en œuvre une politique extérieure commune». Aucune garantie n'a été par ailleurs formulée par les élus du peuple européen à même d'éviter qu'il y ait encore de la complaisance avec les régimes arabes oppresseurs des libertés, des droits de l'homme et hostiles à l'émergence de la démocratie. C'est ce qu'a soutenu à juste titre le députe français Patrick Le Hyaric, membre de la délégation de l'Assemblée parlementaire de l'Union européenne pour la Méditerranée : «Je ne peux vous faire aucune garantie», a-t-il dit, en ajoutant qu'il existe au sein du Parlement européen des sujets tabous à l'exemple de la question palestinienne qui se heurte à de vraies oppositions à chaque fois qu'il y a volonté de la soumettre à débat. Les eurodéputés se disent par ailleurs respectueux des résultats des scrutins qui ont eu lieu en Tunisie et au Maroc où les courants islamistes ont raflé la mise. L'UE dans le cadre des relations euro-méditerranéennes Les eurodéputés, de même que les fonctionnaires de la Commission européenne, ont par ailleurs mis en valeur l'idée selon laquelle l'UE est le principal bailleur de fonds dans la région méditerranéenne. Les projets financés par l'UE sont multiples, disent-ils en citant à titre d'exemple le programme audiovisuel Euromed permettant d'encourager le pluralisme médiatique en méditerranée. Juana Lahousse Juarez, DG de la communication au Parlement européen, a mis l'accent dans sa prise de parole sur l'engagement de la même institution «en faveur de la liberté et de la démocratie», en rappelant la consécration, cette année, du Prix Sakharov pour la liberté d'esprit en faveur du printemps arabe. D'autres thèmes ont été abordés lors de ce séminaire, entre autres la relation entre les médias sociaux et le printemps arabe, le rôle des institutions européennes et des médias où les responsables de l'UE ont fait part de leur engagement à soutenir les médias et les journalistes de la rive sud de la Méditerranée en vue d'une meilleure coopération. De notre envoyé spécial