Plus d'un demi-million d'employés dans le secteur de l'éducation se sont exprimés aux élections organisées hier pour décider de la meilleure gestion des œuvres sociales. Les résultats seront annoncés mardi prochain, selon des sources bien informées. Ce dossier, faut-il le rappeler, a suscité un débat houleux et constitue un point de divergence entre les différents syndicats autonomes de l'éducation. Les travailleurs de l'éducation nationale devaient choisir entre le document n°1 en faveur de la création de commissions de wilaya et d'une commission nationale de gestion des fonds des œuvres sociales et le document n°2 en faveur de la gestion décentralisée de ces œuvres sociales, soit au niveau des établissements éducatifs. Les syndicats étaient divisés entre partisans de la gestion centralisée et défenseurs de la gestion décentralisée. L'Union national des professionnels de l'enseignement et de la formation (Unpef) et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) ont estimé que la gestion optimale serait la gestion centralisée via la commission de wilaya et d'une commission nationale. Le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE), tout comme le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), pas encore agréé, défendent la décentralisation de la gestion de la manne financière du secteur. Ils ont appelé les travailleurs à opter pour la deuxième formule, soit à partir des établissements, afin d'éviter les détournements et garantir une transparence et fluidité dans sa gestion. Le ministère de l'Education nationale a estimé le montant des œuvres sociales à 2000 milliards de centimes, tandis que les syndicats autonomes évaluent les contributions des travailleurs du secteur à plus de 4000 milliards de centimes. Les syndicats autonomes ont, par ailleurs, dénoncé hier les dépassements et débordements enregistrés lors de l'opération électorale, dont la plupart dans la wilaya d'Alger. Ils promettent de remettre leurs rapports au ministère de tutelle. Contacté par nos soins hier, M. Messaoud Boudiba, responsable de la communication au niveau du Cnapest, a affirmé que «la plupart des dépassements sont dénoncés au niveau de la capitale, notamment l'absence des noms des observateurs désignés par les syndicats sur les listes existantes au niveau des directions de l'éducation, chose qui a incité les autres syndicats à rejeter ses observateurs. Le même interlocuteur a estimé nécessaire la création des cellules de wilaya, qui travailleront en parallèle avec la cellule nationale pour avoir accès facilement aux résultats des élections et les comparer, par conséquent, avec les résultats qui seront rendus publics par le ministère. Des dépassements enregistrés, notamment à Alger Méziane Mériane, porte-parole du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) a dénoncé certains dépassements enregistrés dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il a fait savoir que la directrice de l'établissement de Tadmaït a interdit au coordinateur du syndicat de voter, alors une observatrice du même syndicat a été interdite d'accès à un lycée technique à Draa Ben Khedda. Le même interlocuteur a dénoncé également l'interdiction de voter signifiée à un des observateurs à Sidi Bel Abbès. Il promet de soumettre un rapport détaillé à la tutelle. A rappeler que ce scrutin se déroule en deux tranches. La première concerne le choix entre les deux formules. Si la 1re formule est retenue, les électeurs vont élire un candidat du comité de l'établissement et par la suite la commission de wilaya. A cet effet, chaque établissement scolaire doit désigner son représentant dans le comité. Chaque comité sera constitué de 9 membres, trois de chaque cycle «primaire, moyen et secondaire». Chaque comité doit élire un président et deux vice-présidents. Et après l'élection des membres des comités, un rassemblement national est programmé le 24 décembre pour élire le président de la commission nationale et ses deux adjoints, avec la participation de représentants de 47 wilayas et les trois directions de l'éducation nationale d'Alger. Selon les responsable de l'organisation, les candidats non satisfaits peuvent introduire, dès l'annonce des résultats, des recours au niveau des directions de wilaya. Le ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid, avait affirmé récemment que la mission de la tutelle consistait à «aider les syndicats» à trouver les solutions idoines à ce problème posé depuis vingt ans, précisant que «les fonds des œuvres sociales sont ceux des enseignants et des travailleurs du secteur et non du ministère».