Depuis 1995, en application du décret présidentiel 95-58, l'argent des œuvres sociales des travailleurs de l'Education nationale est géré par une seule organisation syndicale, l'UGTA en l'occurrence. Une situation dénoncée par les syndicats autonomes qui réclament la fin du monopole de la centrale syndicale sur la gestion d'un pactole annuel se chiffrant à 3 milliards de dinars. Les syndicats autonomes de l'Education nationale sont unanimes à dénoncer la mainmise du syndicat de Sidi Saïd sur l'argent des œuvres sociales. Généré par le prélèvement automatique de 3% sur la masse salariale, cet argent est destiné à être redistribué aux travailleurs. «L'argent des œuvres sociales qui est le symbole de la solidarité des travailleurs entre eux est destiné à être utilisé en cas de nécessité, mais dans notre pays, on l'utilise comme moyen d'attirer des clients syndicaux», dénonce Achour Idir, chargé de communication du Conseil des lycées d'Algérie (CLA). Notre interlocuteur en veut pour preuve le préalable de l'adhésion à l'UGTA pour en bénéficier. «Pour prétendre à une prise en charge en cas de maladie ou à un quelconque crédit à la consommation, l'enseignant est obligé de présenter les trois dernières cartes d'adhésion à l'UGTA», souligne M. Idir. Pour mettre fin à cette «situation de monopole» et assurer «une gestion transparente» de l'argent des travailleurs, le CLA, selon son porte-parole, réclame l'élection de commissions de wilaya dont les membres auront pour rôle de gérer cet argent et l'affecter selon les besoins exprimés par les travailleurs du secteur. Le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Mohand Salem Sadali, qualifie la gestion des œuvres sociales de «sérum» qui maintient en vie la centrale syndicale. Depuis 1995, explique-t-il, la gestion des cotisations des travailleurs de l'éducation est centralisée au niveau des commissions de wilaya dont les membres sont désignés par l'UGTA. «Avant d'arriver à la commission de wilaya, l'argent transite par une commission nationale composée de membres désignés par la centrale syndicale», indique notre interlocuteur qui réclame une décentralisation de sa gestion. «Chaque établissement doit gérer cet argent par des membres élus démocratiquement par les travailleurs», ajoute-t-il. Le premier responsable du Satef réclame également le remplacement des œuvres sociales par des mutuelles, comme cela se fait en Europe. «Je ne vois pourquoi on prélève 3% du salaire du travailleur, alors qu'il peut gérer seul son argent», s'interroge notre source. Les travailleurs, souligne M. Sadali, peuvent créer des mutuelles selon l'article 90-31 régissant le mouvement associatif.