Le ministre marocain de l'Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch, a déclaré jeudi que la non-reconduction l'accord de pêche entre l'Union européenne et le Maroc, qui permettait à la flotte européenne de pêcher dans les eaux territoriales du Sahara occidental, aura des conséquences "très négatives" sur la relation entre les deux parties. Le vote du Parlement européen contre l'extension du protocole annuel de l'accord de pêche aura "des conséquences très négatives sur la relation en l'Union européenne et le Maroc", a indiqué jeudi à Agadir (600 km au sud de Rabat) M. Akhannouch en marge d'un congrès international sur l'arganier en qualifiant cette décision de "regrettable". Il a, par ailleurs, déploré le fait qu'"aujourd'hui, on nous envoie vers un autre accord" après un premier accord signé, aux termes de longues discussions et signatures, avec la commissaire européenne pour la Pêche, Maria Damanaki. Le ministère marocain des Affaires étrangères avait indiqué mercredi soir que "la décision du Parlement européen marque ainsi un développement regrettable, aux conséquences sérieuses sur l'avenir de la coopération entre le Maroc et l'Union européenne en matière de pêche". De son côté, le président du Parlement sahraoui, M. Khatri Eddouh a souligné que le refus du Parlement européen de prolonger l'accord de pêche avec le Maroc, qui englobe les eaux territoriales du Sahara occidental, revêt une signification politique et économique "importante". Selon le responsable sahraoui, cette décision signifie que "les représentants des peuples européens insistent sur leur volonté de respecter la légitimité internationale". Les députés européens avaient décidé mercredi de ne pas reconduire l'accord de pêche entre l'UE et le Maroc qui permettait à la flotte européenne de pêcher dans les eaux territoriales du Sahara occidental. Le Parlement européen avait voté contre la prorogation de cet accord par 326 voix (296 voix pour et 58 abstentions), recommandant ainsi que les intérêts de la population sahraouie soit "mieux pris en compte". A cet effet, l'accord de pêche, signé en 2007, prenait fin. Plusieurs ONG avaient dénoncé cet accord qui, avaient-elles averti, est en "violation du droit international", puisque le dossier du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, se trouve sous la responsabilité des Nations unies, notamment le Conseil de sécurité et la commission de décolonisation. Le service juridique du PE avait conclu, dans une étude en 2010, que l'accord de pêche avec le Maroc "ne bénéficie pas au peuple du Sahara occidental et n'obéit pas aux règles et conventions internationales", réaffirmant le fait que toute activité qui n'est pas en conformité avec les souhaits et les intérêts du peuple du Sahara occidental, est "illégale". De nombreux gouvernements, parlements et ONG européens ont exigé, pour leur part, l'exclusion des eaux territoriales du Sahara occidental de l'accord de pêche entre l'UE et le Maroc. Les Etats-Unis ont, de leur côté, exclu les richesses du Sahara occidental de l'accord de libre-échange, conclu avec le Maroc et ce, conformément au droit international et à la doctrine des Nations unies, applicables aux territoires des pays et peuples coloniaux. L'Assemblée générale de l'ONU a adopté, le 9 décembre dernier, une résolution qui réaffirme "une solution permettant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental", en application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, rappelle-t-on. Par cette résolution, adoptée sur recommandation de la 4e Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, l'Assemblée générale de l'ONU "appuie le processus de négociation initié par les résolutions du Conseil de sécurité depuis 2007 en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental", précise le texte de cette résolution.