«La friperie» ou le chiffon est très sollicitée par le consommateur, notamment les petites bourses. Ainsi, l'adoption par l'APN d'une loi interdisant l'importation de la friperie pénalise cette catégorie de la société. C'était d'ailleurs l'avis de beaucoup de citoyens rencontrés à Alger lors d'une visite effectuée dans quelques friperies. «Cette décision est discriminatoire par rapport aux petites bourses», déclare une enseignante rencontrée dans un magasin sis à la rue Hassiba Ben Bouali à Alger. Accompagnée de sa fille âgée de 10 ans, cette dame souligne qu'elle achète dans ces commerces en raison des bas prix. «Tout le monde trouve son choix ici», dira-t-elle. Cet avis est partagé par un autre client qui a l'habitude de fréquenter ces magasins. Employé dans une entreprise publique, ce quadragénaire dira que le simple citoyen n'a pas beaucoup de choix pour ses achats. Il s'agit, selon lui, de produits bas gamme ou haut de gamme. Le bas de gamme est représenté par les produits chinois dont la qualité laisse à désirer, alors que le haut de gamme est inaccessible à cette catégorie de la société. Il reste donc la friperie. Celle-ci constitue la solution, selon notre interlocuteur. Pour sa part, Amina, une dame, la cinquantaine, venue avec sa nièce, nous dira : «Je trouve ici des articles de qualité que je ne vois pas ailleurs. Parfois je tombe même sur des habits neufs». «Ce commerce arrange tout le monde», estime une jeune fille rencontrée dans le même magasin qui avoue qu'elle vient chaque semaine et elle n'a été jamais déçue. «Mais avec la nouvelle loi d'interdiction, je pense que la plupart vont être pénalisés, regrette-t-elle, car avec les prix appliqués dans les magasins de vêtements, tout le monde ne peut se permettre de s'en approcher». Lila, habituée également des lieux, proteste contre cette loi qui, selon elle, n'arrange personne. «Mais qu'ils (les responsables) pensent aux consommateurs», tout en ajoutant qu'ils doivent faire un sondage avant de prendre une telle décision. «Il n'y a aucun danger sur la santé publique», confie-t-elle encore. Est-ce que ces vêtements répondent aux normes d'hygiène ? Pour un vendeur situé à la place du 1er Mai, ces articles sont désinfectés avant d'être exposés. Preuve en est le certificat sanitaire obligatoire. Interrogé sur son avenir et sur celui de milliers de fripiers, celui-ci dira que cette loi va augmenter le chômage en Algérie. Une cinquantaine d'usines de traitement de friperie ont été déjà fermées depuis le lancement de cette loi, souligne-t-il.