Le jeu des alliances a-t-il déjà commencé au sein de la mouvance islamiste algérienne, les législatives pointant déjà le nez ? Tout porte à le croire. A entendre le chef de file du mouvement Ennahda disserter sur la question, et l'«absolue nécessité d'une telle alliance élargie «à ceux qui partagent notre vision», il ne reste qu'à garantir la transparence des élections pour dégager la voie vers les sommets. «Le mouvement Ennahda est prêt à faire des alliances avec toutes les parties qui partagent sa vision», a déclaré hier Fateh Rebaï, secrétaire général du mouvement, lors d'une conférence de presse tenue en son siège à Alger et qui a sanctionné la session du conseil consultatif du parti tenue les 23 et 24 décembre. Cette alliance à laquelle ont appelé entre autres le MSP et le Front pour le changement national (FCN) de Menasra, non encore agréé, «va dans le même sens», mais ne devrait pas comprendre, selon Rebaï, «les partis ayant vidé les réformes politiques de leur substance». Le chef de file d'Ennahda qui fait allusion au FLN et au RND est également prêt à s'allier avec le MSP «pour peu que nos frères se retirent de l'Alliance présidentielle», précisera le conférencier. Mieux, les éléments du Front islamiques du salut (Fis) dissous sont aussi les bienvenus dans ce patchwork aux desseins inavoués. «Tous ceux qui jouissent de leurs droits civils et politiques ont le droit de militer», a précisé à ce propos Rebaï, favorable «à une amnistie générale». «Nous avons été victimes de fraude par le passé sous prétexte que nos candidats représentent un danger pour l'ordre public. Nous allons présenter les mêmes candidats exclus», a-t-il averti.
La nouvelle carte politique sera islamiste Revigoré par les victoires islamistes dans la région, le dirigeant d'Ennahda qui se dit victime «d'exclusion» et autres pressions subies au Parlement affirme que s'il parvient au pouvoir, il suivra «l'exemple de la Tunisie». Pour y parvenir, les atouts doivent être de leur côté. «Les réformes ont été vidées de leur substance par une majorité préfabriquée dont la mentalité est celle du parti unique», assène le conférencier qui appelle le président de la République à «leur gel (les réformes) jusqu'à l'aboutissement à un Parlement légitime» qui sera issu d'élections «libres et transparentes» qu'organisera et mènera à terme «un gouvernement de technocrates neutres». Le mouvement Ennahda qui «prépare activement ces élections» saisira le chef de l'Etat à travers un mémorandum «en préparation», révèle Rebaï, dans lequel il sera demandé au premier magistrat du pays «d'assurer la transparence des élections et d'écarter l'administration de la conception de la nouvelle carte politique». «Il y aura une nouvelle carte politique», tonnera le conférencier qui dit disposer d'«autres cartes à jouer». «Nous voulons des actes concrets, pas des promesses», a-t-il encore dit en réponse à une question sur le dernier discours du Président à l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire. La nouvelle carte politique, Rebaï la conçoit «islamiste», grâce «au peuple algérien profondément favorable à ce courant», et «au vent du changement qui est en notre faveur», pensera le leader d'Ennahda. Les prévisions de Belkhadem à propos du «score islamiste» lors des prochaines législatives «sont dangereuses». «C'est le peuple qui décidera du taux. Cette mentalité est dépassée», assène-t-il encore, affirmant que l'absence d'institut de sondage est «voulue» pour que la réalité du terrain «ne soit pas dévoilée».