«Les approches traditionnelles renvoyant à la seule centralité des pouvoirs et des mécanismes et dispositifs qui en découlent deviennent caduques au regard du développement considérable de la demande sociale.» Ce constat a été établi par le président Bouteflika lui-même qui l'a ainsi intégré dans son message lu à l'ouverture, jeudi dernier, des assises nationales sur le développement local et les attentes des populations, organisées au Palais des nations à Alger sous l'égide de Mohamed Seghir Babès président du Cnes. Dans son message, lu par son conseiller Mohamed Boughazi, le chef de l'Etat a ainsi recommandé à l'assistance d'axer leurs travaux dans le sens à définir le soubassement d'un nouveau mode de gouvernance axé sur la décentralisation. Il a souligné dans ce contexte que le nouveau code communal «accorde plus de responsabilités et de prérogatives aux collectivités locales, administrations, citoyens et élus», ajoutant que cette politique de décentralisation se traduit par la prise en charge au plan local de nouvelles fonctions économiques dans un cadre budgétaire et comptable rénové. Il s'agit là d'une démarche qui devrait permettre une «meilleure mobilisation des moyens financiers des collectivités locales tout en valorisant les patrimoines locaux dont la plupart sont en déshérence», assurant que la réforme du système des finances et de la fiscalité locales répond à des nécessités à la fois urgentes et stratégiques», a encore précisé le chef de l'Etat. Bouteflika, qui a clairement exigé dans son discours le renforcement de la bonne gouvernance à tous les niveaux de l'administration publique, notamment au niveau local où elle prend, selon lui, «son véritable sens», a également insisté sur l'émergence d'une «dynamique territoriale basée sur des principes» d'auto-développement s'appuyant sur les ressources locales, tant humaines que matérielles, et non pas uniquement sur l'aide et l'assistance de l'Etat. Cela d'autant plus, a-t-il argué, que l'année 2011 a vu l'aboutissement de multiples projets de révision des textes fondamentaux et de réformes où «les collectivités locales sont au cœur de cette démarche à travers la révision du code communal et celle du code de la wilaya», a-t-il fait remarqué. Il précisera, à cet égard, que le processus engagé vise à clarifier le paysage institutionnel, à rénover les instruments de gestion politiques et économiques et d'administration et à adapter les systèmes de gouvernance aux exigences de changement de la société. Sept recommandations adoptées Sur un autre volet les assises nationales sur le développement locales et les attentes de la population, tenues sous la présidence du Cnes, ont été sanctionnées par «l'élaboration d'une plate-forme de recommandations» adoptées à l'unisson par les participants et qui sera remise sous peu au président de la République en vue de la concrétisation de son contenu dans le sillage de réformes actuelles. Cette plate-forme comprend sept recommandations principales ayant trait aux différents aspects du développement local. Il s'agit de recommandations portant sur «les transformations structurelles et changements de paradigmes», «les réaménagements institutionnels», «les réformes relatives aux systèmes et modes de gouvernance» et «les reconfigurations des actions de développement en lien étroit avec l'implication des partenaires économiques et sociaux». La prise en charge de la demande sociale, les recommandations reliées aux attentes des populations de certaines régions et les réaménagements techniques et instrumentaux figurent également dans cette plate-forme. Il est attendu de ces recommandations de donner une nouvelle base au développement local en Algérie, à travers la réforme des processus d'administration, de gestion, de gouvernance et de participation, dans les délais de mise en œuvre modulés. Les recommandations du premier axe proposent les actions pour un recentrage du rôle de l'Etat et l'installation d'un nouveau régime de croissance, ainsi que les voies et moyens de parvenir à revitaliser les territoires «dormants ou inexploités». Les deuxième et troisième ordres regroupent, quant à eux, les recommandations relatives au renforcement de la démocratie et du processus démocratique, ainsi que la clarification des relations entre les élus et l'administration locale et la société civile. Il est question également dans ces deux catégories, d'ouvrir le champ aux initiatives du mouvement associatif et la nécessaire révision de la gouvernance tant au niveau local que national. Par ailleurs, les recommandations des groupes quatre, cinq et six portent sur des réformes visant, à titre d'exemple, la mise en place des institutions de développement et d'espaces intermédiaires spécialisés consacrés à l'encadrement des collectivités locales, ainsi qu'une amélioration de l'enseignement à différents paliers et celle du système de santé dans le pays. Le septième et dernier axe qui traite des questions économiques, comprend quatre principales recommandations : une réforme du code des marchés et de la fiscalité locale, l'émergence d'institutions locales de financement, l'amélioration des disponibilités foncières pour l'investissement et l'élargissement du principe de la contractualisation territoriale. Avec l'adoption de cette plate-forme de recommandations, la mission de Mohamed Séghir Babès, qui a été chargé en mai dernier par le président de la République d'organiser une concertation sur le développement local et les attentes de la population, arrive ainsi à sa fin. Les assises nationales tenues jeudi dernier ont, pour rappel, la participation de 1300 délégués issus du mouvement associatif, d'élus locaux, des walis et plusieurs ministres. La présidence de la République a été représentée par Mohamed Boughazi, conseiller du chef de l'Etat et porteur d'un message de ce dernier pour l'assistance.