La réplique des travailleurs de la laiterie de Draâ Ben Khedda à Tizi Ouzou ne s'est pas fait attendre. 48 heures après, le collectif des travailleurs rend public un communiqué dont il dit avoir pris connaissance avec «stupéfaction et colère», suite aux propos tenus par MM. Limani et Boukhari. Ces derniers ont, faut-il le rappeler, organisé une conférence de presse lundi dernier, accusant les travailleurs d'avoir composé avec des partis politiques. Qualifiant les propos des deux syndicalistes de l'Union générale des travailleurs algériens de «tentative de dénigrement du mouvement de grève», le même collectif tient à rappeler que son «unique objectif est de lever le voile sur les agissements mercantiles et frauduleux du repreneur». Au sujet de «prétendues» manipulations politiques, les travailleurs estiment que leur mouvement ne souffre d'aucune ambiguïté, ni de calcul politicien. «Au lieu d'apporter un soutien aux travailleurs à la veille du procès de nos 39 collègues, voilà que l'union de wilaya se démarque et nous accuse», déplore un des trois représentants du collectif, reçu hier dans notre bureau à Tizi Ouzou. Pour le même interlocuteur, Saïd Boukhari chargé de la médiation lors de l'initiative de réconciliation entre le repreneur et les travailleurs en grève, «n'a rien à avoir avec le secteur et sa mission est finie depuis que l'initiative lancée par le P/APW est tombée à l'eau suite à ses déclarations en faveur du repreneur, sur les ondes de la radio locale». «Nous avons le soutien de Sidi Saïd» Les représentants du collectif estiment que le bureau de l'Union de wilaya est en total désaccord avec la centrale syndicale de l'UGTA, notamment son secrétaire général Abdelmadjid Sidi Saïd. C'est pourquoi les travailleurs expriment leur «étonnement devant l'attitude surprenante antisyndicale» des deux concernés, alors que le patron de l'UGTA, est-il écrit dans le communiqué, «entreprend actuellement des démarches pour trouver une issue positive au conflit en dépêchant un responsable de la fédération de l'agroalimentaire, qui a rencontré nos représentants». Selon nos interlocuteurs, 350 employés de l'unité de production de lait et dérivés de DBK sur 369 possèdent des cartes d'adhérents à l'UGTA. Se félicitant de la réussite du rassemblement du 7 janvier dernier devant l'entrée principale de l'usine, le collectif des travailleurs de la laiterie de DBK remercie tous les citoyens, les partis politiques et les organisations de la société civile qui ont répondu à leur appel à la solidarité. Enfin, «convaincus de la justesse de notre combat», écrit le collectif, «nous, travailleurs de la laiterie de Draâ Ben Khedda, sommes plus que jamais déterminés à maintenir notre mobilisation jusqu'à la pleine satisfaction de nos deux revendications, à savoir une commission d'enquête nationale et la reprise de l'entreprise par l'Etat». Sit-in devant le tribunal aujourd'hui Les 39 travailleurs qui comparaîtront aujourd'hui au tribunal de Tizi Ouzou, considérés par le repreneur comme les «initiateurs» du mouvement, devraient payer, selon la première décision de justice, la somme de 5,8 milliards de centimes au titre de dommages et intérêts au propriétaire de l'unité. Un sit-in de soutien de l'ensemble des travailleurs est prévu devant le tribunal ce matin, alors qu'un collectif d'avocats du bureau de wilaya de la LADDH est déjà constitué pour assurer la défense des syndicalistes. A l'occasion, les travailleurs ont une fois de plus interpellé le président de la République pour mettre fin aux poursuites judiciaires entamées contre eux.