Un Etat qui rachète plus de la moitié d'une entreprise privée étrangère pour que deux de ses ministres se relaient pour «rassurer» les citoyens que l'équipe dirigeante et tous ses cadres seront maintenus à leurs postes, ça s'est rarement vu. C'est pourtant le cas depuis quelques jours. L'Etat algérien achète 51% d'Orascom Télécom Algérie. La transaction avait les «ingrédients» d'une mesure politique plutôt que les contours d'un investissement économique. Mais on pouvait tout de même espérer qu'une fois la main à la pâte, les nouveaux patrons de Djezzy pouvaient tout de même avoir quelques soucis d'efficacité et de performance. On nous a même dit que l'Etat investisseur, l'Etat repreneur ou carrément l'Etat... «étatiseur» sait se comporter en véritable capitaine d'industrie qui, en plus de sa vocation de créateur de richesse et d'emploi, en garantirait le meilleur impact social aux entreprises qu'il acquérait. Une sorte de néo-socialisme qui s'invite à des moments précis de nos conjonctures économiques pour nous rappeler que le monde s'est finalement trompé. M. Benmeradi, le ministre de l'Industrie, et M. Benhamadi, le ministre des Postes et des Technologies de l'information et de la communication, se sont donné le mot pour dire qu'aucun cadre de Djezzy ne bougera de sa place ! Bien sûr, et tout le monde l'aura compris, il est aussi du rôle, sinon du devoir d'un nouveau propriétaire de… rassurer sur la pérennité de son utilité sociale, particulièrement en ce qui concerne l'emploi. On aurait donc compris si l'un ou l'autre des deux ministres nous avait communiqué les données économiques de l'entreprise, sa santé financière et ses perspectives de développement qui permettent de «rassurer» sur l'emploi et, pourquoi pas, de possibles recrutements. Mais, avant même que l'Etat ne mette les pieds dans l'entreprise, le voilà qui «décide» que l'équipe dirigeante, comme l'essentiel des cadres de Djezzy étaient un exemple de compétence dont il ne reste plus qu'à confirmer la compétitivité dans un environnement de… concurrence ! Qu'on ne s'y méprenne pas, ni les conditions d'acquisition du marché ni la fausse concurrence à laquelle cette entreprise a été confrontée une fois installée ne répondent à la norme qui expliquerait son succès (en termes de rentabilité financière essentiellement). Paradoxalement, c'est au moment où l'Etat en devient majoritaire qu'elle est censée affronter des conditions de compétitivité un tant soit peu plus dures. Et c'est à ce moment précis qu'on nous dit manifestement qu'on ne «change pas une équipe qui gagne». Gagne quoi et dans quelles conditions ? Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir