Conjuguée à la déconfiture de la gauche française, aux pires difficultés qu'éprouve Barak Obama à convaincre les Américains de partager la réforme du système de santé, et aux succès de Gordon Brown, l'éclatante victoire d'Angela Merkel aux législatives allemandes a de quoi désillusionner tous ceux, leurrés par quelques recours protectionnistes imposés par la crise, qui ont un peu trop rapidement crié au retour triomphant du socialisme. On aurait nationalisé Leman Brothers, que cela n'émeuve pas outre mesure l'opinion américaine, trop prise dans sa rupture tectonique et surtout trop terrorisée par la crise pour convoquer ses vieux réflexes. Mais les Américains se rattrapent rapidement. A la première décision sur le front social de Barack Obama, qui n'est pourtant pas un champion du socialisme, les gardiens du temple de la vieille Amérique de l'argent roi ont investi la rue, avec quelque réussite à la clé. Qu'on ne s'y méprenne pas trop : les quelques dérapages à caractère raciste à l'endroit du président Obama ne peuvent pas occulter la véritable nature de la colère, qui est avant tout liée aux choix socioéconomiques que sa première mesure majeure semble annoncer. Et c'est lui-même qui s'est chargé de le rappeler en remettant à sa place Jimmy Carter, venu lui apporter un soutien manifestement malvenu du fait qu'il qualifie un peu trop facilement tous les détracteurs d'Obama de racistes. Angela Merkel a fait mieux que gagner : elle est désormais libre de se débarrasser - et elle va le faire avec plaisir - de ses alliés sociaux-démocrates avec qui elle a eu, quatre ans durant, une cohabitation difficile. En recentrant la composante de la coalition qui va présider aux destinées de l'Allemagne vers les libéraux, Angela Merkel aura les coudées franches, et ce qui ne gâte rien, cela lui permettra de rester dans l'esprit et le sens du scrutin. Les électeurs allemands ne se sont quand même pas exprimés avec une nette tendance de rejet de la gauche pour la retrouver aux affaires par le truchement des jeux d'alliances. Paradoxalement, c'est au moment où on disait des solutions de gauche qu'elles étaient les mieux «adaptées» au contexte de crise que les sociaux-démocrates essuient les revers les plus spectaculaires. ça pourrait se comprendre pour l'Allemagne dont l'économie dépend en grande partie des marchés mondiaux, pas ailleurs où les attentes se font plutôt attendre sur le plan social. Il est d'ailleurs significatif que les socialistes français se font maintenant déborder même sur leur gauche par les verts ou l'anticapitaliste. L'Europe social-démocrate peut toujours se consoler du Portugal. Trop peu, décidément. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir