«Dans l'avenir, il pourrait y avoir un retour des crédits à la consommation pour l'achat de produits fabriqués en Algérie», a indiqué hier Karim Djoudi, ministre des Finances. Le premier argentier du pays explique que la réhabilitation de ce crédit va se faire pour l'achat de produits nationaux dont l'acquisition des véhicules après la concrétisation du projet de montage prévu avec les constructeurs automobile Renault et Volkswagen. Il a rappelé, dans ce même ordre d'idées, que le crédit aux ménages n'a pas été supprimé complètement «puisque le financement bancaire pour l'acquisition de logements est toujours en vigueur», a-t-il dit. M. Djoudi revient sur les circonstances de la suppression de ce moyen de payement en 2009, soulignant que l'instauration de ce crédit avait pour objectif l'amélioration des conditions de vie des citoyens, y compris pour l'achat de véhicules. «Mais le recours accru à ce crédit a accentué l'endettement des ménages algériens et a fait exploser la facture des importations», a-t-il indiqué. «Les importations de voitures ont profité aux constructeurs étrangers qui ont augmenté de ce fait leur production, accentuant l'endettement des ménages», a-t-il dit. Le ministre est revenu sur la question de la dépréciation du dinar, évoquée par le patronat algérien comme une dévaluation décidée dernièrement par la Banque d'Algérie pour freiner les importations de plus en plus en augmentation. Le ministre a tenu à préciser que «la gestion du taux de change est une pure prérogative de la Banque d'Algérie». «C'est très important, la fixation du taux de change relève des prérogatives de la Banque d'Algérie qui est indépendante du ministère des Finances et du gouvernement dans la prise de cette décision relevant de la politique monétaire menée par la Banque centrale». M. Djoudi explique aussi que le constat sur l'appréciation ou la dépréciation d'une monnaie par rapport à une autre doit se faire sur une période allant de six mois à une année. Il donne à ce propos comme exemple l'appréciation de 2% du dinar face au dollar en 2011, année durant laquelle la monnaie nationale a également connu une dépréciation de 3% par rapport à l'euro. Durant cette année aussi, l'euro est resté apprécié face au dollar. Le cours du dinar par rapport aux deux monnaies est resté presque le même durant la période allant du 31 décembre 2011 au 20 janvier 2012, à l'exception d'une légère dépréciation face au dollar, a-t-il ajouté. «C'est ce qu'on constate actuellement», a-t-il dit. Il a expliqué que le motif de la dépréciation avancée par certains experts économiques algériens comme un moyen de freiner les importations n'est pas vrai. «D'ailleurs, l'Algérie en tant que membre du Fonds monétaire international ne peut utiliser ce moyen, interdit par cette institution financière, pour freiner ses importations», a-t-il expliqué. «Chaque année, le FMI effectue un contrôle pour s'assurer que les Etats membres n'ont pas utilisé cet instrument monétaire pour freiner leurs importations», a indiqué le ministre. «Le FMI a toujours affirmé à l'occasion de ces contrôles que l'Algérie disposait d'une politique de change transparente». Une dévaluation du dinar se traduirait dans la pratique par une baisse des importations, or celles-ci ont augmenté de 6 milliards de dollars en 2011 du fait de l'augmentation des achats de céréales, d'huile et de lait, des produits subventionnés par le gouvernement. Au plan macroéconomique, le ministre a fait savoir que l'économie algérienne pourrait être sérieusement impactée, à l'instar du reste des pays du monde, si la crise de la dette euro persistait pour les quatre prochaines années. «Si la crise s'étend sur une durée de quatre ans, elle va forcément se traduire par une baisse de la demande interne européenne et partant, par un recul de la demande énergétique, dont l'effet immédiat sera un recul des prix du pétrole», dira le ministre.