C'est déjà la fin de la 6e législature. Dans cet entretien, le député de la zone 6 revient sur les réalisations et acquis décrochés en faveur de notre communauté établie à l'étranger. Il évoque également les problèmes persistants et la précieuse contribution qu'elle peut avoir depuis les grandes décisions politiques prises pour son implication dans le développement local. Quel est l'apport de la communauté algérienne à l'étranger au processus de développement en Algérie ? Beaucoup de choses. Son apport peut être très bénéfique à condition de rendre efficaces les modalités et les mécanismes de leur intervention. Le nombre officiel des Algériens installés à l'étranger et inscrits dans nos services consulaires est de 1,7 million. Beaucoup ont des parcours brillants à l'étranger que ce soit dans la recherche au sein des universités reconnues mondialement ou dans le domaine professionnel où ils ont accumulé une expérience riche et font preuve d'une compétence avérée dans divers domaines. Ces Algériens ont réussi malgré le contexte juridique et culturel complètement différent de celui de leur pays d'origine. Si le gouvernement joue cette carte gagnante de façon rationnelle, cette communauté peut, premièrement, participer au développement local en créant des PME dans le cadre des dispositifs de l'Ansej et la Cnac. Si 200 000 personnes concrétisent leurs projets et chacun emploi 5 jeunes, on peut créer 1 million d'emplois dans un temps record. Deuxièmement, la concrétisation des recommandations des séminaires et autres initiatives organisées en Algérie pour déterminer la participation de cette frange de la société, va encourager les membres actifs et notamment les enseignants et chercheurs à la création de jumelage entre les universités étrangères où ils travaillent et celles de leur région natale. Cela permettra de hisser le niveau des universités algériennes et de faire fonctionner les laboratoires de recherche. La réussite de cette démarche dépendra de la décentralisation de la gestion de ces labos qui doit se faire par l'université. Ailleurs, l'université est leader du développement de produits technologiques et de tout sujet ou idée du domaine militaire ou civile à condition que le projet soit financé. Troisièmement, la communauté peut participer à la paix et à la sécurité sociale car les Algériens ont un fort lien de respect envers les leurs installés sous d'autres cieux et maintiennent un contact permanent avec eux. Ces derniers peuvent, en cas de problème majeur, calmer leurs familles, les convaincre à éviter la casse et les orienter sur la manière de demander leurs droits comme cela se fait ailleurs dans les pays civilisés. Quatrièmement, dans un futur proche, l'Algérie va déterminer qui sera le futur président de la République, en France et ailleurs, où la communauté est très forte. Si les relations entre la communauté et le gouvernement sont permanentes et solides, croyez-moi, ça serait la file des candidats à l'aéroport Houari Boumediene en quête de soutien et de voix. Je vous cite le dernier exemple concernant la députation à l'étranger, la France vient de copier l'expérience algérienne en la matière en désignant des députés qui représentent leurs ressortissants à l'étranger alors que l'Algérie est leader en la matière puisqu'elle a entamé cette démarche depuis 15 ans avec 11 députés. Nous sommes fiers de notre expérience. Quel bilan faites-vous de votre représentativité de la communauté à l'APN depuis 2007 ? J'ai pu réaliser plusieurs projets parmi ceux que j'avais mis dans mon programme. J'ai participé et réussi à résoudre le problème du transfert des dépouilles des Algériens qui décèdent à l'étranger en instaurant une cotisation de 30 dollars annuellement versée dans le compte de la SAA à l'étranger. J'ai réduit le coût du timbre fiscal du passeport à 20 dollars alors que le prix payé par les Algériens d'ailleurs était de 60 dollars. J'ai réussi l'ouverture du consulat d'Algérie à New York le 1er novembre 2011. Cela va faciliter à la communauté installée sur le territoire des USA et loin de Washington et ses environs toutes les procédures administratives. J'espère maintenant ouvrir un autre consulat en Californie, à l'ouest, en installant un attaché technologique dont le rôle est important avec notre élite du Silicon Valley (cité technologique). J'avais évoqué dans mon programme la nécessité d'une liaison aérienne entre Alger et le continent américain. La concrétisation de la ligne aérienne Alger-Montréal a été ouverte en juin 2007 et la communauté installée aux USA sera contente d'avoir une ligne sur Alger. Un projet bénéfique pour l'Algérie, les pays voisins et africains. Sur un autre plan, j'ai représenté l'APN aux assemblées de l'ONU à New York dans le cadre de la commission des questions politiques spéciales et de décolonisation du Sahara occidental en octobre 2007. Le 20 novembre de la même année, j'ai participé à la séance consacrée au thème du respect de la réglementation du droit dans la mise en œuvre des engagements internationaux clés en matière de désarmement et non-prolifération. J'ai également participé à la conférence intitulée «Vers une approche globale de la lutte contre le terrorisme fondée sur l'Etat de droit». Y a-t-il des problèmes qui traînent encore ? Oui, effectivement. Le problème du service national pour les jeunes résidant aux USA et au Canada. J'ai demandé à travers l'APN de dépêcher une commission militaire une fois par an dans ces pays qui peut aussi contribuer à faire connaître l'ANP avec des possibilités de recrutement de bons éléments. En Europe, cette commission se déplace chaque deux mois. Le problème de l'adaptation des horaires de diffusion des programmes sur Canal Algérie pour le Canada et les USA n'a toujours pas été réglé en dépit des assurances du ministre de la communication à ce propos. Les ressortissants installés en Chine, en Malaisie et en Australie veulent avoir accès aux chaînes TV algériennes sur le net. J'aimerais que cela puisse se concrétiser pour le maintien du lien avec le pays. L'ouverture de succursales bancaires à l'étranger pour le transfert d'argent et éviter le transfert du cash est parmi les demandes de la communauté. Le problème de l'école est un souci pour tout le monde. J'ai suggéré de faire enseigner le programme algérien avec des livres montrant le drapeau, les constantes nationales, l'histoire de l'Algérie et autres afin d'inculquer le sens du nationalisme aux Algériens naissant ailleurs, comme cela se fait par d'autres pays. J'ai proposé aussi, à l'occasion du 50e anniversaire de l'Indépendance, d'inaugurer une chaîne historique algérienne à diffusion internationale destinée aux Algériens d'ailleurs et aux autres nationalités où on présente la révolution avec des témoignages de moudjahidine de toutes les wilayas. Ma proposition d'acheter un module académique «histoire de l'Algérie et de la révolution algérienne» dans une université américaine, pas encore pris en charge, va dans le sens de faire connaître notre révolution pour ceux qui la méconnaissent et ceux qui ne veulent pas la connaître. Quel bilan faites-vous du travail accompli dans la sixième législature ? Le bilan général fait état de la présentation par le gouvernement de 73 avant-projets de lois. L'assemblée actuelle a introduit 2205 amendements. Elle a déposé 845 questions écrites et 710 questions orales. Ce qui veut dire qu'il y a eu beaucoup d'activité quand même. J'estime qu'on n'a rien à reprocher aux lois algériennes. Elles sont aux normes internationales. Le gros problème réside dans l'application des textes. Cette législature a été clôturée pratiquement par les textes sur les réformes politiques qui consacrent l'ouverture à tous les niveaux. J'ai participé à toutes les lois avec des amendements et de nouvelles propositions. Le passeport biométrique a été délivré en Algérie. L'opération a-t-elle commencé pour la communauté à l'étranger ? Oui, elle a commencé mais elle pose beaucoup de problèmes. La prise des empreintes et de la photobiométrie nécessite la présence obligatoire des concernés et se fait exclusivement dans les bureaux consulaires. Cela suppose le déplacement des familles vers ces bureaux. En plus des frais de déplacement et d'hébergement, il y a lieu de signaler le problème de visa pour certains ressortissants qui doivent se déplacer vers un autre pays faute de représentation diplomatique algérienne, comme c'est le cas en Asie et en Océanie où il y a une ambassade pour 2, 3 voire même 11 pays. J'ai proposé aux AE d'ouvrir un bureau dans son siège d'Alger pour permettre aux Algériens d'effectuer ces démarches en Algérie. Plus de trois ans nous séparent de la date de la mise en circulation obligatoire de ce passeport durant lesquelles tous les membres vont se déplacer en Algérie à un moment ou un autre. Ils peuvent profiter de ce déplacement pour accomplir ces procédures et recevront plus tard leur passeport par courrier. On parle de l'augmentation du nombre des députés. Etes-vous d'accord ? Parmi mes préoccupations incluses dans mon programme avant le début du mandat figure l'augmentation du nombre des députés pour la zone 6. C'est une zone importante et vaste où il y a une forte population. Il sera plus judicieux de mettre au moins deux députés pour une meilleure représentativité. Vous résidez à Washington et vous représentez la communauté de la zone 6, regroupant en plus de l'Amérique, l'Asie et l'Océanie. Connaissez-vous toute cette communauté et comment se fait le contact ? Je suis député. Mon travail à l'APN consiste à élaborer des lois, les débattre, les enrichir et les adopter. Cela ne m'a pas empêché d'aller vers cette communauté qui m'a élu pour comprendre sa situation et connaître mieux ses problèmes. Je me déplace aux Etats-Unis chez les membres de ma communauté et je vais au Canada 3 à 4 fois par an pour mieux m'imprégner des situations. Volontiers, j'ai effectué un périple de 40 jours dans plusieurs circonscriptions de l'Asie et de l'Océanie où j'ai eu même l'occasion de visiter les prisonniers algériens. J'essaye de régler les problèmes des ressortissants et de leurs familles vivant en Algérie. C'est aussi dans ce cadre que j'ai visité toutes les wilayas du pays. Je suis en contact permanent avec la communauté que je représente à travers mon site : www.mohamedgahcheworkingforyou.com que chaque Algérien, dans tous les coins du monde, peut consulter et trouvera toutes les informations concernant mes projets et mes réalisations. J'utilise les réseaux sociaux pour mieux communiquer avec tout le monde. J'ai un compte Facebook où sont connectés 2200 amis, je suis sur twitter, youtube, google et yahoo.