Au niveau de l'hémicycle, la question relève du tabou. Les députés refusent d'en discuter ouvertement, de crainte d'être pointés du doigt. Les députés réclament des armes. Selon des sources proches du dossier, le bureau de l'APN chargé des affaires des parlementaires, a reçu plusieurs demandes depuis le début da la sixième législature. Les demandes se sont faites d'une manière individuelle et non au nom des groupes parlementaires des partis qui siègent à l'assemblée, souligne notre source. A l'heure actuelle, le bureau de l'APN semble temporiser en attendant des instructions «politiques» qui tardent à venir. Il faut savoir que les députés sortants ont émis le même voeu mais qui n'a pas été exaucé. Les autorités affichent une grande prudence par rapport à cette question. Donner des armes aux députés pourrait inciter d'autres corps à suivre l'exemple. Et puis, note notre source qui estime que «vu la conjoncture sécuritaire actuelle, il serait souhaitable de reporter ce débat». Les députés qui ont déposé cette demande ont justement évoqué cette conjoncture pour étayer leur motivation. C'est le cas de cet élu du Sud du Front de Libération nationale (FLN) qui a soutenu que «le député est constamment en danger, notamment lors de ses déplacements». M.Benhamou du FNA nous confirme que le parti a introduit une demande en 2008, «mais aucune suite n'a été donnée. C'est le cas du passeport parlementaire». Cette question qui soulève une grande problématique sécuritaire divise les députés. Certains ont même dénoncé cette démarche. C'est le cas du chef du groupe parlementaire du RND. Miloud Chorfi a soutenu que «la question n'a pas été débattue au niveau du parti. Et elle est même "loin" de constituer une priorité». Même son de cloche chez les députés du FLN. Pour M.Ayachi Daâdoua, chaque député est libre d'exiger le port d'arme. En tout cas, réplique-t-il, ce n'est pas la tendance au niveau de l'ex-parti unique. Pour notre interlocuteur, les députés devraient se consacrer aux problèmes des citoyens. «Nous devons être au côté des jeunes, victimes du chômage et des différents maux sociaux. Malheureusement, nous avons failli à notre mission. Idem pour l'Etat. Nous avons consommé le divorce avec la base. Le résultat est là: le député a peur de son propre compatriote. C'est la honte!», souligne un député du FNA. Au niveau de l'hémicycle, la question relève du tabou. Les députés refusent de parler ouvertement de ce dossier, de crainte d'être pointés du doigt. «Vous avez constaté toute la manipulation ayant entouré l'augmentation des indemnités des députés», rappelle un élu. Ceux qui ont émis des demandes l'ont fait dans la discrétion. Ces derniers justifient leur réclamation par les dangers «du métier». «Nous sommes des hommes publics, très exposés au danger surtout dans nos déplacements. L'arme est pour nous un moyen de protection, ni plus ni moins», précise un député du MSP. Les députés ne lâchent pas prise et espèrent toujours un fléchissement de la part de l'administration de l'APN. Nous avons tenté d'avoir plus d'information sur le dossier au niveau de la direction de communication de l'APN, mais nos tentatives ont échoué. «Je n'ai pas de commentaire à faire. Je ne suis pas informé», précise le premier responsable du département. Rappelons que des députés ont été auteurs d'agressions contre des citoyens. L'ex-président d'APC de Tazmalt, Smaïl Mira, fraîchement élu lors de la cinquième législature, avait ouvert le feu avec une arme de poing sur un citoyen habitant la commune d'Ath Mellikeche. Un député FLN de la wilaya de Annaba et son fils se sont rendu coupables d'une agression à l'arme blanche sur leur voisin. Le 25 avril dernier, le député du MSP, Omar Achouri, a agressé un policier à l'aéroport Houari-Boumediene. En juin dernier, une fonctionnaire de l'APN a été agressée par le député indépendant de la wilaya de Naâma qui lui lui a asséné plusieurs coups de poing au visage et sur le corps.