La course aux candidats est lancée à Oran. Les partis se livrent à une petite guéguerre pour séduire ceux qu'on juge compétents, intègres et susceptibles de gagner la confiance des électeurs. L'exercice fait sourire certains observateurs de la scène politique locale qui notent avec humour que certains sont courtisés par des partis de différents bords, aussi bien les islamistes que ceux de la gauche, les démocrates ou les libéraux. «Un enseignant universitaire très actif aussi bien au niveau du comité de son quartier qu'à l'université a été approché par le HMS, le RND, le PJ, des indépendants et le PT. Tous lui ont proposé une place de choix sur leur liste. Il a refusé en affirmant qu'il serait plus utile à ses étudiants ou à ses voisins de quartier», dira un militant du FLN chargé de trouver des candidats «capteurs de voix». Un café situé dans la périphérie de la ville est devenu un lieu où les candidatures «sérieuses» sont proposées sous le manteau, comme si on fourguait une marchandise frappée de pénurie. Le lieu est devenu La Mecque des responsables d'associations et de militants de quartiers. On se concerte, on s'échange des renseignements sur X ou Y, avant de proposer des noms et partir à la course pour convaincre. Et dans cet exercice, les partis nouvellement créés et les listes indépendantes sont passés maîtres. On saisit toutes les occasions pour partir à la chasse aux candidats. Les fêtes de mariage, les enterrements, les waâdate, les cafés, les arrêts de bus, tous sont des lieux pour «chipper» le meilleur candidat. Et pour séduire, on fait miroiter le rang sur la liste, on use de mensonge sur un prétendu recours à la politique des quotas, ou sur des assurances d'un vote qui serait dirigé pour favoriser les partis nouveaux-nés. On use de tous les subterfuges pour séduire et on ne s'embarrasse pas de scrupules. Tout passe, l'essentiel est de gagner le ralliement du potentiel candidat. Le président d'un parti nouvellement créé jure par tous le saints qu'il a réussi à obtenir des candidatures qui remplissent les critères de compétences et de probité morale. Un autre avoue qu'il a des difficultés à trouver des femmes pour «enjoliver» ses listes. Il se fixe la journée du 8 mars pour trouver la candidate qui pourrait «accepter sa main» et figurer sur sa liste et c'est pourquoi il s'est fendu d'un programme d'une journée festive organisée en l'honneur des femmes, dans un établissement huppé de la capitale de l'Ouest.