Loin d'avoir enterré la hache de guerre, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), et le chef de file du Mouvement de redressement et de l'authenticité (MRA), Salah Goudjil, «vont se rencontrer demain», probablement à l'hôtel Mouflon d'or (Alger), a-t-on appris auprès de Mohamed-Seghir Kara. Alors que Belkhadem devait annoncer, lors de sa dernière conférence de presse, la tenue d'une commission paritaire pour la constitution de listes communes, le secrétaire général du FLN s'est par contre empressé d'annoncer en grande pompe la «réconciliation» avec les troupes de Goudjil, affirmant même qu'il n'y aura «ni listes communes ni listes unifiées. Il n'y aura que des listes du FLN». Une déclaration «unilatérale» qui a mis Salah Goudjil hors de lui. Il le confirmera dans une déclaration faite au Temps d'Algérie : «Il n'y a pas de réconciliation pour le moment et les choses ne sont pas rentrées dans l'ordre pour la simple et bonne raison que beaucoup de dossiers restent en suspens», a-t-il pesté, remettant en cause par là même les assurances de Belkhadem et refusant d'abdiquer «de manière aussi simpliste». Goudjil, qui critique la démarche de Belkhadem qui venait d'annoncer plus de 3500 dossiers de candidature, «une pléthore de noms», précisera que les listes constituées par son mouvement (500 candidats) n'ont pas atterri au niveau du bureau politique du FLN qui tranchera le 21 mars sur les candidats du parti. Sera-ce alors trop tard ? Même s'il affiche un optimisme pour le moins «tactique», Salah Goudjil conditionne la «réconciliation» à la confection «en commun» des listes électorales, chose rejetée par Belkhadem, aux possibilités d'alliance avec d'autres formations une fois l'APN élue, mais aussi à la nécessité de resserrer les rangs du parti qui risque, si le conflit perdure, de perdre la première place promise par le secrétaire général. Mohamed-Seghir Kara abonde dans le même sens. «Il y a possibilité de régler le problème mais nous campons sur nos positions que nous estimons légitimes», a affirmé celui qui jurait en novembre dernier que Abdelaziz Belkhadem sera destitué avant la fin de l'année 2011. Belkhadem est toujours le patron du FLN et il tient à préserver sa place. Notre interlocuteur ne s'est pas prononcé par contre sur l'issue du mouvement si les choses ne s'arrangent pas demain. Il fonde tous ses espoirs sur cette «ultime» réunion. Est-ce la fin d'un mouvement né «de la base» qui refuse aujourd'hui, faut-il le préciser, de suivre Goudjil qui a entamé un cycle de rencontres avec Belkhadem «sans les consulter» ? Une «base» qui se sent trahie alors qu'elle avait même sollicité l'intervention du président de la République ? La réponse, on la connaîtra demain, mais il est fort à parier que l'éclatement du mouvement se dessine. A moins que Salah Goudjil ne dispose d'autres «tactiques» dans son escarcelle ?