La maffia russe, qui dès l´apparition de l´euro a fait main basse sur l´immobilier dans les stations huppées de Marbella, et les milliardaires fraudeurs du fisc qui paient moins d´impôts que le salarié moyen espagnol se frottent les mains puisqu´ils peuvent désormais faire fructifier leur «argent sale» en toute légalité en Espagne. Forcé de trouver coûte que coûte les 40 milliards d´euros qui lui manquent pour équilibrer ses dépenses publiques pour l´année 2012, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a fait des coupes financières tous azimuts jusque dans les petites bourses. Pas suffisamment toutefois pour espérer ramener son déficit budgétaire de 8,5% du PIB en 2011 à 3% en 2013, comme l´exige le Pacte de Stabilité européen. Pour l´année en cours, Bruxelles qui s´est félicitée du régime d´austérité imposé aux Espagnols s´est montrée compréhensive en autorisant un déficit exceptionnel de 5,5% du PIB en 2012. Avec, cependant, un droit de regard sur les dispositions de la nouvelle loi de Finances qui vient d´être adoptée en Conseil des ministres vendredi dernier comportant une diminution des dépenses publiques de l´ordre de 17%. Cette mesure touchera spécialement les infrastructures de base et l´aide au développement pour économiser 27,3 milliards d´euros. Même impôt pour les fraudeurs fiscaux et les bas salaires Pour augmenter ses recettes budgétaires pour l´année 2012, Rajoy a prévu une batterie de mesures fiscales dont la plus spectaculaire porte sur l'«amnistie» des capitaux espagnols exportés pour échapper au fisc espagnol ou provenant des paradis fiscaux. Bruxelles applaudit cette mesure controversée pour un gain dérisoire de 2,5 milliards d´euros pour le budget de l´Etat, en contrepartie de quoi le gouvernement appliquera à ces capitaux un impôt variant, selon les cas, entre 8 à 10%. Un scandale pour les partis de gauche et les syndicats qui ont fait valoir que l´impôt appliqué aux fraudeurs est l´équivalent de l´IRG que paie un contribuable qui perçoit un traitement annuel de 19 500 euros. Le Président Mariano Rajoy a défendu, lundi, devant le Congrès des Députés, ces mesures de réduction budgétaire qu´il a qualifiées de «signal de confiance» adressé aux banques pour pouvoir obtenir, cette année, un crédit de 60 milliards d´euros. Durant son intervention, il a beaucoup insisté sur ce facteur «confiance» qui a manqué à «certains pays de l´Union uropéenne» fortement endettés comme la Grèce, le Portugal et l´Irlande, lesquels se sont vus obligés de recourir aux fonds de sauvetage de la zone euro pour insolvabilité. Durant cette session parlementaire où il n´y a pas eu de questions-réponses avec l´opposition, Rajoy a soigneusement évité d´évoquer la plus controversée des mesures prévues par la future loi de finances portant sur l´«amnistie fiscale par les députés basques qui ont déjà fait savoir qu´ils s´opposeront à cette forme de blanchiment de l´argent noir». Ils sont rejoints dans leur position par les inspecteurs des finances qui ont déclaré à la presse que l´«amnistie de la fraude fiscale» est inconstitutionnelle. Le débat ne fait donc que commencer autour de cette disposition illégale selon les conventions internationales portant sur la criminalisation du blanchiment d´argent auxquelles l´Espagne a souscrit, mais qui semble avoir perdu ses repères en raison de l´aggravation de la question du chômage. Un taux de chômage de 23,6% ! Rajoy a donc de bonnes raisons d´être inquiet des statistiques publiées, lundi, par Eurostat sur la tendance à la hausse du niveau du chômage dans les pays de la zone euro, atteignant à la fin du mois de février dernier le taux moyen de 10,8% de la population active. Or, cette moyenne cache un déséquilibre flagrant au regard du grand écart qui existe entre l´Autriche qui enregistre le taux le plus bas d´Europe (4,2%) et l´Espagne avec le taux le plus élevé (23,6%), totalisant près de six millions de demandeurs d´emploi. 50,5% des jeunes demandeurs d´emploi espagnols sont au chômage. Beaucoup d´entre eux s´exilent dans les pays du nord de l´Europe, comme l´Allemagne ou la Norvège, dans l´espoir de trouver du travail. Pas étonnant que le mouvement des «indignados» soit apparu dans ce pays du sud de l´Europe.