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«Les actes de violence dans les quartiers informels et pauvres sont motivés» Mme Chouguiat Saliha, du département d'architecture et d'urbanisme de l'université Mentouri :
Existe-t-il un lien entre la violence et l'environnement urbain ? Pourquoi sont motivés les actes de violence dans les quartiers informels, pauvres et marginalisés ? Ce sont des questions auxquelles Mme Chouguiat Saliha, maître assistante, chargée de cours au département d'architecture et d'urbanisme de l'université Mentouri de Constantine Laboratoire villes et santé, a essayé de trouver une réponse à travers un travail de terrain. «Notre travail s'attarde sur un quartier péri-urbain, El Gammas, au sein de la ville de Constantine, vu qu'il est plus ou moins révélateur d'une insécurité croissante ces dernières années», a-t-elle précisé. Elle démontre que «l'environnement urbain a des effets sur le sentiment d'insécurité». Elle explique dans sa thèse que «les difficultés des espaces périphériques se situent à deux niveaux. Rapidement réalisés, anarchiques et souvent contradictoires, ces espaces sont difficiles à gérer. Mal adaptés, trop ouverts, sous-équipés, démunis de tout équipement structurant de l'espace, ils sont difficiles à vivre». Et de poursuivre : «Il existe toute une série de facteurs dans la conception urbaine qui ne produisent pas la violence mais favorisent son développement.» Dans ces endroits, on pouvait être agressé à tout moment, particulièrement très tôt le matin ou pendant la sieste des journées chaudes d'été, ainsi que la nuit où ils sont vides et mal éclairés, voire dangereux et font peur.» Après un travail de terrain au niveau du quartier El Gemmas, Mme Chouguiat est sortie avec plusieurs conclusions. Elle notera que «le quartier El Gammas ne présente pas un caractère dynamique, il est entièrement livré à lui-même. Malgré la volonté des habitants de s'insérer dans le processus d'urbanité, la création de la vie urbaine n'a pu aboutir. L'Etat est totalement absent, il ignore, pourrait-on dire, cette tranche de la population». Et de continuer : «Il est judicieux de créer un climat de sécurité au sein d'une communauté en développant un environnement physique qui influence le comportement humain d'une façon positive. Nombre de constructeurs et d'urbanistes sont, aujourd'hui, plus vigilants quant à la qualité des éclairages, à la lisibilité de la séparation entre propriétés privées et espaces publics, à l'atmosphère urbaine en général. Il est parfois préconisé de développer des commerces avec des logements pour les commerçants au-dessus du local commercial.» Malgré cela, bon nombre de questions restent hélas posées, selon la chercheuse : «Existe-t-il réellement une forme d'habitat productrice d'insécurité plus qu'une autre ? L'habitat à caractère informel, son vieillissement, aggravent-ils la situation d'exclusion, de marginalité ? Sur un autre volet, la violence et la guerre des gangs, au niveau de la wilaya de Constantine, tend à prendre des proportions inquiétantes au niveau de plusieurs autres quartiers et agglomérations. La nouvelle ville Ali-Mendjeli et celle de Massinissa enregistrent un taux élevé en raison du relogement massif des habitants des bidonvilles. À Ali-Mendjeli, par exemple, vivent plus de 150 000 personnes, tous les records de criminalité sont battus malgré la présence de deux commissariats de police et d'un groupement de la Gendarmerie nationale. Ainsi, il arrive souvent que des batailles rangées se déclenchent entre gangs des anciens quartiers d'Aouinet El Foul, faubourg Lamy, Bardo, ou les bidonvilles de New York et Ziadia.