Poussé dans ses derniers retranchements par ses concurrents à la présidentielle – voir sa cote dans les sondages – et à une semaine de celle-ci, le président français Nicolas Sarkozy cherche à faire feu de tout bois en réhabilitant les harkis de la Guerre d'Algérie. Ainsi, pour gagner un certain nombre d'électeurs auprès des nostalgiques de la France coloniale, le candidat président a officiellement reconnu lors d'un meeting hier à Perpignan la «responsabilité historique» de la France dans «l'abandon des harkis, combattants musulmans au service de la France» après la fin de la guerre de Libération nationale algérienne en 1962. «La France se devait de protéger les harkis de l'histoire, elle ne l'a pas fait. La France porte cette responsabilité devant l'histoire, c'est cette responsabilité que je suis venu reconnaître ici», a déclaré M. Sarkozy lors d'un discours à Perpignan, dans le sud de la France. «La France doit, comme elle l'a toujours fait, regarder son histoire en face et assumer les erreurs qu'elle a pu commettre. En l'occurrence, rien ne peut expliquer, rien ne peut excuser l'abandon de ceux qui avaient fait le choix de la France», a insisté le président sortant. La reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français dans l'abandon des harkis est l'une des principales revendications des anciens supplétifs de l'armée française en Algérie et de leurs descendants, une communauté évaluée aujourd'hui à quelque 500 000 personnes. Le 9 mars dernier, Nicolas Sarkozy avait déjà reconnu devant leurs représentants les injustices dont les autorités françaises s'étaient rendues coupables à l'encontre des harkis et reconnu que la France avait «une dette» envers eux. Son adversaire à l'élection présidentielle, le socialiste François Hollande, s'était engagé, le 6 avril dernier, à «reconnaître» la responsabilité de la France dans «l'abandon des harkis» s'il est élu. L'hommage rendu aux harkis est aussi politique, puisque au-delà de cette communauté, il peut toucher celle des rapatriés français d'Algérie, les «pieds noirs», estimés à quelque 3,2 millions d'électeurs potentiels, qui avaient largement voté pour Nicolas Sarkozy en 2007. Au lendemain des accords d'Evian du 18 mars 1962 consacrant le retrait français d'Algérie, 55 000 à 75 000 harkis, selon les historiens, ont été abandonnés en Algérie. Quelque 60 000 ont été admis sur le territoire français, logés dans des camps de fortune du sud du pays. Un véritable gisement électoral qui se disputent les deux principaux candidats à l'Elysée.