La situation critique imposée au nord du Mali par, notamment, les organisations terroristes (Aqmi, Mujao et Ansar Eddine) fait craindre le pire, à court, moyen et long termes. Les nouvelles qui parviennent de cette partie du Mali ne font que conforter cette crainte. L'une d'elle concerne l'atterrissage d'un avion cargo à l'aéroport de Gao, ville où nos diplomates ont été enlevés. L'avion transportait des armes et des stupéfiants. Les colis auraient été chargés à bord d'une dizaine de pick-up qui auraient aussitôt pris la direction de Kidal. L'information, rapportée par le journal malien L'indépendant, dans son édition d'hier, a de quoi ajouter aux inquiétudes déjà installées depuis la prise des villes du nord du Mali par Aqmi, Ansar Eddine et Mujao (Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique du Nord). Le journal malien écrit, néanmoins, ignorer la provenance du cargo, qui selon la même publication, a atterri à l'aéroport de Gao vendredi dernier, dans l'après-midi. L'indépendant ajoute, cependant, que «les colis ont été chargés à bord d'une dizaine de pick-up qui ont aussitôt pris la direction de Kidal, escortés par des hommes d'Iyad Ag Ghaly», ancien diplomate malien en Arabie saoudite, et actuel émir de l'organisation terroriste Ansar Eddine. Cette inquiétante affaire ne rappelle pas seulement celle dite d'«Air cocaïne», mais également une ressemblance, en ingrédients de stabilisateurs et semant le chaos, de l'Afghanistan, où la culture de l'opium se conjugue à la culture de discours terroristes ayant fait de ce pays une sorte de gigantesque camp d'entraînement pour des «djihadistes» de tous bords et de différentes nationalités. Même l'organisation terroriste Boko Haram, sévissant au Nigeria, est signalée dans la région. Réplique de l'affaire «Air cocaïne» ? Cette affaire n'est, d'autre part, pas la première du genre ni la première preuve de liens très étroits entre les terroristes d'Aqmi et des narcotrafiquants dans la région du Sahel. Cette affaire rappelle celle dite d'«Air cocaïne», qui a défrayé la chronique, au Mali. Elle consistait en l'atterrissage d'un Boeing 727, en 2009, transportant de la drogue. Trois personnes ont été inculpées de «trafic international de cocaïne» par la justice malienne dans le cadre de l'enquête sur cette affaire. C'était la première fois que Bamako reconnaissait que l'appareil transportait de la drogue. Le procureur malien anticorruption, Sombé Théra, avait annoncé, en juin 2011, l'inculpation de trois personnes (un Espagnol, un Français et un Malien) pour «trafic international de cocaïne». Quant à lui, Eric Denécé, directeur du centre français de recherches sur le renseignement (CF2R), a annoncé, à Alger, lors d'une rencontre organisée sur l'enlèvement des diplomates algériens à Gao, que «les narcotrafiquants latino-américains et mexicains inondent la Mauritanie et le Mali en drogue.