Des responsables des médias algériens et tunisiens ont déploré mardi à Alger le "manque d'ouverture médiatique" dans la région du Maghreb, qui est à même de contribuer à l'édification de cet espace régional. Ces responsables ont, en effet, estimé, à l'occasion d'une rencontre organisée par la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (CCFC) sur "la construction du grand Maghreb", que sans liberté d'expression et de démocratie, "la construction du Grand Maghreb ne pourrait pas aboutir". Pour eux, il n'est pas normal que des quotidiens, voire des hebdomadaires de l'Algérie, à titre d'exemple, ne puissent pas être vendus dans les pays voisins et l'inverse et que les peuples des Etats du Maghreb ne se connaissent pas assez, contrairement aux pays membres de l'Union européenne. Le président directeur général et responsable de la publication du groupe El-Khabar, Chérif Rezki a déploré l'inexistence de rencontre entre les médias des différents pays du Maghreb pour notamment se concerter dans différents domaines concernant ce secteur. Ceci étant, il a estimé que sans liberté et la démocratie, le Grand Maghreb ne peut se concrétiser, se demandant l'intérêt de l'existence du Conseil consultatif maghrébin. "Tous les facteurs sont en faveur d'une construction maghrébine, mais l'absence de confiance entre les gouvernants, de la liberté d'expression et de la démocratie", font obstacle à la réalisation de cet objectif, a-t-il précisé. Pour sa part, le directeur de la publication du quotidien Liberté, M. Abrous Outoudert, a fait part de son optimisme quant à la naissance du Grand Maghreb, appelant le monde de la presse à profiter de cette ouverture "forcée" due aux différentes révoltes pour "fédérer les médias et organiser la formation" Donnant l'exemple de l'Union européenne qui s'est construite, a-t-il dit, au bout de 50 ans, M. Outoudert a rappelé qu'avant les révoltes, son quotidien ne donnait pas trop d'importance à l'actualité des pays voisins. Une donne qui a changé après la crise qu'ont subie les différents pays, a-t-il indiqué, ajoutant que son quotidien a actuellement un correspondant en Tunisie. "Nous avons créée la chaîne Nessma dans le but de faire rapprocher les peuples maghrébins entre eux et essayer de faire connaître leurs différentes cultures", a déclaré Mme Linda Khalfa, directrice de Nessma TV, Tunisie. Elle a expliqué que l'idée de la création de la chaîne est intervenue après avoir constaté que les maghrébin se penchaient le plus pour les chaînes françaises et arabes, occultant ainsi leur identité. "Notre télévision est une sorte de miroir de nos peuples. Elle est partie du constat de vouloir se retrouver. Et c'est après recherche que nous avons, enfin, reconnu la spécificité maghrébine", a-t-elle déclaré.