Après presque 13 années passées derrière les barreaux à la prison de la ville de Tizi Ouzou, Malik Medjnoun, condamné à 12 ans de prison pour complicité dans l'assassinat du chanteur Matoub Lounès, le 25 juin 1998 à Thala Bounane, a été libéré hier matin. Son comité de soutien lui a réservé un accueil chaleureux juste à sa sortie, vers 10 heures. Ses avocats, Maîtres Aït Habib et Boubchir, ont tenu à être présents ainsi que des représentants de l'ONG Amnesty International. Malik Medjnoun a pris directement le chemin de sa région natale, Béni Douala. Depuis son arrestation en 1999, Malik Medjnoun n'a pas cessé de crier haut et fort son innocence. Ce n'est qu'au début de l'année 2010 que la presse a commencé à s'intéresser à cette affaire, puisque Medjnoun et son coaccusé, le repenti Chenoui, étaient en détention préventive sans être jugés, durant 12 ans. Il a fallu que Medjnoun observe une dizaine de jours de grève de la faim pour voir son procès enfin inscrit par le tribunal criminel de la ville de Tizi Ouzou, le mois de juillet 2011. Dans un procès entaché de plusieurs irrégularités et entorses, au point où la partie civile, la sœur et la mère de Matoub, a voulu l'empêcher, Medjnoun a tout de même été condamné par le juge à 12 ans de prison ferme, soit la durée exacte de sa détention préventive, en dépit de nombreux témoignages en faveur de l'accusé. Un verdict et un procès que les avocats de Medjnoun et la presse ont fortement dénoncés. Une conférence de presse sera organisée dans les jours à venir par Medjnoun, pour revenir sur cette affaire qui est loin de livrer tous ses secrets. La famille Matoub, quant à elle, notamment Aldjia et Malika Matoub, ont exigé une nouvelle enquête, une nouvelle étude balistique, l'audition de 52 témoins pour tenir un procès. Elles affirment aussi avec insistance que Medjnoun n'est pas impliqué dans l'assassinat de Matoub Lounès. «Ceux qui ont tué mon frère ne sont pas dans ce tribunal», avait déclaré Malika au juge, lors du procès.