Au lendemain du procès de Medjnoun et chenoui, accusés de complicité dans l'assassinat de Matoub Lounès en 1998, tenu lundi passé au tribunal criminel de Tizi Ouzou, Malika Matoub a organisé une conférence de presse avec ses avocats pour revenir longuement sur le déroulement du procès, au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme. «L'affaire Matoub ne fait que commencer. Maintenant que Medjnoun et Chenoui sont jugés, nous pouvons aborder la vraie affaire Matoub. Nous allons déposer une nouvelle plainte contre X», a-t-elle déclaré d'emblée. La sœur du rebelle menace d'internationaliser l'affaire Matoub si sa nouvelle démarche judiciaire n'aboutit pas. «Nous allons procéder à l'internationalisation de l'affaire Matoub et alerter les instances de défense des droits de l'homme internationales si le procès Matoub ne passe pas dans les normes et si ma plainte n'est pas acceptée par la justice», a ajouté Malika Matoub. Cette dernière a réitéré une fois de plus les trois conditions posées depuis 2008 pour la tenue du procès. Il s'agit de la reconstitution des faits par la justice, une étude balistique et aussi l'audition des 51 personnes et de l'ex-émir du GIA Hacène Hattab. «Je défie quiconque de me ramener une prouve tangible de celui qui a tué mon frère du moment qu'aucune preuve scientifique n'est présentée. C'est pour cela que nous exigeons une étude balistique et la reconstitution des faits», dira Malika Matoub. Pour le procès de lundi dernier, la conférencière l'a qualifié de «victoire pour nous, du moment qu'on a réussi à contraindre le juge à séparer l'affaire Matoub Lounès de celle des deux accusés Medjnoun et Chenoui». La sœur de Matoub qui s'est retirée du procès de lundi denier a expliqué les raisons de sa décision. «J'ai exigé du juge de ne pas prononcer le nom de mon frère dans cette affaire, parce que les véritables assassins et commanditaires de l'assassinat de mon frère n'étaient pas dans la salle. D'autre part, j'ai exigé le retrait de l'autre partie civile, à savoir Nadia Matoub, car il y a une seule famille Matoub et pas deux». Irrégularités et entorses Les deux avocats de la famille Matoub, de leur côté, ont signalé les irrégularités et des entorses qui ont entaché le déroulement du procès. Pour maître Kaci Raham, «le procès de lundi dernier est un fait très grave dans les annales judiciaires». L'avocat a dénoncé d'abord la non-lecture de l'arrêt de renvoi par le procureur, ce qui est pour lui une entorse très grave. Le conférencier a signalé aussi que lors de l'énoncé du verdict, les chefs d'accusation n'ont pas été prononcés par le juge. «En réalité, le juge les a jugés dans le cadre de l'affaire de l'assassinat de Matoub, le procureur et le juge n'ont à aucun moment cité le nom de Matoub de peur de voir le procès empêché par la partie civile, ce qui est très grave encore du point de vue juridique de voir un juge céder ainsi», a dénoncé M. Raham. Ce dernier a insisté aussi sur le fait que les huit terroristes absents ou en fuite, accusés dans l'assassinat de Matoub, ne sont pas jugés. Il dira à ce propos que «normalement, les terroristes absents devaient être jugés selon la procédure de contumace, alors que le juge ne l'a pas fait». A rappeler, en fait, que lors du procès de lundi dernier, les deux accusés ont été condamnés par le tribunal criminel de Tizi Ouzou à 12 ans de prison ferme. Une peine qu'ils ont presque purgée, puisqu'ils sont en détention provisoire depuis 1999, et seront libres dans quelques semaines. Devant le juge, ils ont nié en bloc être impliqués directement ou indirectement dans l'assassinat de Matoub Lounès le 25 juin 1998 à Thala Bounane.