Le porte-parole du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) qui a revendiqué l'enlèvement, le 5 avril de l'année en cours, du consul d'Algérie à Gao (nord du Mali) et de six membres de sa mission diplomatique a, rappelle-t-on, fait connaître les exigences de l'organisation terroriste à laquelle il appartient pour la libération des otages. C'est ainsi que le Mujao a revendiqué le paiement d'une rançon de 15 millions d'euros et la libération de terroristes détenus en Algérie. Le terroriste avait indiqué que les revendications «sont la libération de nos frères prisonniers en Algérie, plus une rançon de 15 millions d'euros». Il a menacé l'Algérie, rappelle-t-on encore, d'un attentat si les revendications de son mouvement n'étaient pas satisfaites : «Vraiment, nous pensons à attaquer l'Algérie, comme l'attentat de Tamanrasset qui a été exécuté par deux jeunes, un Sahraoui et un Malien d'origine arabe», a-t-il ajouté. Les deux terroristes avaient perpétré un attentat, le 3 mars de l'année en cours, contre un siège de la gendarmerie à Tamanrasset (1800 km au sud d'Alger) qui avait fait 23 blessés. Outre la rançon de 15 millions d'euros que le Mujao voudrait empocher, qui sont les terroristes dont la libération est exigée par l'organisation terroriste ? «Certainement pas Amari Saifi, alias Abderrezak El Para», ennemi juré de Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, et Abdelhamid Abou Zeid, respectueusement, actuels «émir» national et «émir» pour le grand sud de l'Aqmi», ironise une source. Pourtant, logiquement, le Mujao pourrait mettre le nom d'«El Para sur sa liste puisque l'organisation est présentée comme étant «dissidente» de l'Aqmi, donc en désaccord avec cette organisation terroriste. Justement, il semblerait qu'il y ait un partage des rôles entre les deux organisations terroristes qui restent très liées entre elles», explique cette source. Le contrôle de Kidal par l'Aqmi et Gao par le Mujao (deux villes du nord du Mali) après la défaite infligée à l'armée malienne supposerait également un partage des villes qui ne pourrait pas avoir lieu s'il n'y avait pas un partage des rôles, preuve en est qu'aucun accrochage n'a été enregistré entre les deux organisations terroristes. Le Mujao, dirigé par le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou aurait, de ce fait, revendiqué la libération de terroristes proches de Abdelmalek Droukdel, nationaux et autres issus de plusieurs pays de la région, détenus dans des prisons algériennes pour terrorisme. L'un des terroristes dont la libération aurait été revendiquée par le Mujao serait Fateh Bouderbala, alias Abdelfattah Abou Bassir, «émir» de la seriate d'Alger du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, devenu Aqmi), arrêté lui et ses acolytes par les services de sécurité à l'intérieur d'un appartement chic à Alger, à la fin de l'année 2007. Les services de sécurité avaient, rappelle-t-on, découvert à l' intérieur de l'appartement 820 kilogrammes de matières explosives prêtes à être utilisées, trois bombes prêtes à l'emploi, 20 détonateurs, deux cartables bourrés d'explosifs destinés à être utilisés dans des attentats et un lance-roquettes de type Law, de la même marque que ceux achetés par «El Para» et Mokhtar Belmokhtar, auprès de contrebandiers d'armes au Mali et au Niger, avec une partie de la rançon de 5 millions d'euros environ, versée par l'Allemagne pour la libération de ressortissants occidentaux enlevés en 2003 dans le sud algérien. Tout ce matériel de guerre était destiné par les terroristes à perpétrer des attentats à Alger durant le mois sacré de Ramadhan. Abdelfattah Abou Bassir était resté 14 ans dans les maquis et serait le dernier «émir» à avoir activé dans la capitale jusqu'en 2007. Il avait d'abord rejoint le Groupe islamiste armé (GIA) et était considéré comme l'un des hommes de confiance de Abdelmalek Droukdel, actuel «émir» national d'Aqmi.