Le procès en appel relatif à l'affaire de dilapidation de deniers publics et trafic d'influence dans laquelle avaient été impliqués en 2011 les directeurs généraux de Biotic (filière de Saidal), Rachid Zaouani, et de Solupham (entreprise privée), Fouzi Benmachiche, et qui devait se tenir jeudi dernier, a été reporté au 24 mai courant par la cour d'Alger. Les deux accusés avaient été condamnés en première instance par le pôle judiciaire spécialisé près le tribunal Sidi M'hamed à 7 ans de prison ferme et à un million DA d'amende ferme chacun. Ce report a été décidé suite à la demande du collectif de la défense des 2 accusés en raison de l'état de santé de Benmechiche, en grève de la faim depuis 10 jours, et l'absence des témoins clés pour le dossier de Zaouani pour pouvoir convoquer les parties civiles, à savoir le P-DG actuel de Saidal et les DG de ses filiales Biotic et Pharmal. Pour rappel, 13 autres cadres du groupe Saidal, de Biotic et de Solupham sont accusés dans cette même affaire. Les dilapidations ont porté préjudice au groupe Saidal ainsi qu'à ses filières Biotic et Pharmal. 6 autres inculpés, à savoir Hocine Mokhtari, Zoubir Smail, Chaoui Abdelaziz, Snina Lakhdar, Smadji Louanes et Aoun Ali (ancien P-DG du groupe Saidal) ont été condamnés quant eux à des peines allant de 18 mois à 5 années de prison ferme. 7 autres inculpés ont bénéficié de la relaxe. Le tribunal de Sidi M'hamed a aussi prononcé un dédommagement au profit de la filière Biotic et du groupe Saidal évalué à 200 millions DA et 100 millions DA à la filière Pharmal. Selon l'ordonnance de renvoi, cette affaire remonte à l'année 2011, lorsque l'inspection générale des finances avait effectué une mission au niveau des 2 filières du groupe Saidal et découvert «une passation de contrats industriels avec des entreprises privées en violation de la loi portant préjudice aux filières Biotic et Pharmal du Groupe Saidal». Les investigations effectuées par la section économique de la police judiciaire ont dévoilé que la filière Biotic de Saidal représentée par son DG Rachid Zaouani avait conclu en 2003 un contrat de façonnage avec l'entreprise privée Solupham gérée par Benmachiche sans respecter les conditions exigées par la loi dans de tels contrats. Il faut noter qu'un contrat de façonnage est une prestation de service payante. Conformément à ce contrat, l'entreprise Solupham, en sa qualité de demanderesse, était appelée à fournir la matière première du médicament à Biotic qui devait, à son tour, le façonner sous forme de médicament en utilisant ses propres moyens techniques. Mais le DG de Biotic (Saidal) avait façonné le médicament au profit de Solupham en utilisant la matière première du groupe Saidal, contrairement aux conditions légales qui exigent que la matière première soit fournie par la demanderesse du service, à savoir Solupharm. Pour Me Miloud Brahimi, un des avocats de l'ex-DG de Biotic, «le seul bénéficiaire de cette affaire est la mafia du médicament, et cela ne rend pas service à l' économie nationale». Il a estimé que «cette affaire doit bénéficier de la mesure de dépénalisation de l'acte de gestion». Par ailleurs, Me Lasbeur, du barreau des Hauts de Seine (France) a adressé une lettre au président de la 6e chambre correctionnelle de la cour d'Alger, appelant à renvoyer cette affaire «pour me permettre d'assurer utilement la défense et les intérêts de mon client Zaouani», précisant que ce dernier a adressé une lettre au président de la République dans laquelle il lui fait part de «la profonde injustice» dont il aurait été victime pour avoir été jugé et condamné à 7 ans de prison ferme».