Une quinzaine de musulmans et de résidents légaux de longue date aux Etats-Unis ont décidé de porter plainte contre le gouvernement américain pour l'interdiction qui leur est faite de prendre l'avion. Suspectées de terrorisme, ces personnes, parmi lesquelles des vétérans de l´US Army, figurent sur la «liste noire» des «interdits de voyage par avion» dressée par l´Agence de sécurité des transports (STA). Cette liste a été élaborée sur la base des renseignements fournis conjointement à la STA par le Département de la Justice, le FBI et le TSA (Centre d´investigation antiterroriste) sur environ 400 000 personnes comportant 20 000 résidents légaux aux Etats-Unis et 500 citoyens américains. Ces suspects de terrorisme n'ont reçu aucune explication de la part de ces trois institutions impliquées dans la lutte antiterroriste, ni sur la confirmation de leur présence sur cette liste, ni encore moins sur les raisons de leur interdiction de vol. A ces questions, l'administration américaine reste muette. Seul le FBI a proposé à certaines personnes de reconsidérer au cas par cas cette mesure discriminatoire… à condition d'accepter de faire partie de ses indicateurs. Beaucoup de ces suspects de terrorisme, de santé trop fragile pour être emprisonnés, seraient en fait de simples victimes d'erreurs d´appréciation par la police qui les a classés dans la catégorie des individus «dangereux». Des associations humanitaires se sont saisies de cette grave affaire de violation des droits de l´homme. Une mesure discriminatoire et «inconstitutionnelle», selon l´Union des droits et des libertés civiles (Aclu, en anglais). Cette association civile avait déposé en août 2010 une plainte devant un juge local qui s'est déclaré incompétent dans cette affaire. Aclu avait décidé alors d'introduire un recours en appel auprès du Tribunal de Portland (Oregon). Vendredi dernier, l'avocate de cette organisation civile, Nusrat Choudhury, avait dénoncé devant la presse «la décision inconstitutionnelle du gouvernement américain d'inclure des citoyens américains sur des listes secrètes ou de leur dénier le droit de voyager sans aucun motif juridiquement fondé». Le calvaire vécu par Steven Williams Washbum est assez illustratif des dépassements de l'administration américaine, visiblement traumatisée depuis les attentats du 11 septembre 2001, au point de ne plus pouvoir faire dans le discernement. Un passager suspect débarqué Accompagné de son épouse espagnole, cet Américain de 54 ans, qui a séjourné quelque temps en Arabie saoudite pour le compte de l´entreprise de technologie qui l´employait, a eu la désagréable surprise au moment de se présenter au guichet de l'aéroport pour l'achat des billets d'apprendre de la bouche de l'hôtesse d´accueil, en février 2010, qu'il était indésirable sur les vols de cette compagnie. Quand quelque temps plus tard il croyait avoir eu plus de chance, il ne volera que pendant quelques minutes. Informé de la présence à bord de ce passager suspect, le pilote amorcera la descente en piste où Williams Washbum sera débarqué sans explications.