Même si les résultats officiels proclamés mardi par le Conseil constitutionnel ne diffèrent pas trop de ceux déjà «corrigés» par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, il n'en demeure pas moins qu'à leur lecture et au vu des suffrages recueillis par les partis et les indépendants, plusieurs enseignements sont à tirer. Avec 1 324 363 des suffrages recueillis, le Front de libération nationale qui se classe largement en tête avec ses désormais 221 sièges, ce qui ne représente que 14,1% des votants (17% des suffrages exprimés). Sur l'ensemble du corps électoral, le score du FLN ne représente que 6.1%. Mais ses 221 sièges sur les 462 représentent 47,8% des sièges, soit presque la majorité absolue (-11 sièges). C'est le même cas de figure pour le RND qui a progressé en termes de sièges et occupe une confortable 2e place loin du FLN dont le nombre de voix recueillies (524 047) représentent sur l'ensemble des suffrages exprimés 6.86%, soit 5.6% de l'ensemble des votants. Avec donc moins de 20% de voix sur l'ensemble des votants (8.5% du corps électoral), les deux partis de l'Alliance présidentielle (RND et FLN) totalisent à eux seuls 291 sièges, soit presque les deux tiers de l'ensemble des sièges de l'APN. Quant à l'Alliance de l'Algérie verte classée en 3e position et avec un nombre de suffrages recueillis qui n'est pas loin de celui du RND, elle n'a glané que 47 sièges (moins 23 sièges par rapport au RND) avec 475 049 voix en sa faveur (5.08% du nombre de votants). Pour comprendre ces écarts, il faut revenir à la fameuse règle de la proportionnelle et du «plus fort reste» édictée par l'article 85 du code électoral. En effet, cette loi stipule que «le mode de scrutin donne lieu à une répartition des sièges proportionnelle au nombre de voix obtenues par chaque liste avec application de la règle du plus fort reste». «Les listes qui n'ont pas obtenu au moins cinq pour cent (5%) des suffrages exprimés ne sont pas admises à la répartition des sièges», précise le même article. Autre exemple pour mieux expliquer ce concept. Avec un total de 198 544 voix exprimées en sa faveur, le Front national algérien n'a obtenu que 9 sièges. Avec 10 000 voix en moins (188 275), le Front des forces socialistes obtient 21 sièges, soit plus du double des sièges obtenu par le FNA. Mieux, si l'on additionne le nombre de voix recueillies par 12 «petits partis» qui ont glané un siège ou deux, l'on totalisera alors 1 359 873, soit plus que le résultat obtenu par le FLN pour… seulement 20 sièges. Interrogé lors de la conférence de presse qu'il a animée au lendemain du scrutin à propos du devenir de «ces petits partis», le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, qui a estimé qu'ils n'avaient pas un ancrage suffisant dans la société car créés quelques semaines seulement avant le début du scrutin, il leur a conseillé de «se constituer en pôles politiques en fonction de leurs programmes». Le ministre n'a pas pour autant jugé utile de préciser que seulement 1.3 million sur 9,3 se sont exprimés en faveur du FLN. S'il y a une leçon à retenir dans ce cas, c'est la primauté de la loi et cette dernière est censée être connue par tous. A partir de là, c'est toute la classe politique qui doit en tirer des enseignements.