La démocratie a été la grande perdante des législatives du 10 mai dernier et non pas les «petits partis» ni l'Alliance de l'Algérie Verte (AAV), a estimé hier Bouguerra Soltani, leader du Mouvement de la société pour la paix (MSP), un des partis de cette alliance. Les résultats des législatives ont été sanctionnés par une victoire écrasante du FLN (221sièges) devant le RND (70) et l'AAV (47). «Le régime réitère toujours les mêmes expériences politiques en maintenant les mêmes partis au pouvoir, mais cette fois, ce ne sont pas les participants aux élections qui sont perdants mais plutôt la démocratie», a déclaré Soltani lors du conseil consultatif extraordinaire du MSP. Après la réunion de vendredi consacrée à l'examen des différents rapports des bureaux de wilaya et l'établissement du rapport national du scrutin, M. Soltani a indiqué à la presse que sa principale conclusion est que «le régime ne veut pas confier la tâche de la révision de la Constitution à des partis d'obédience islamistes, ni au peuple d'ailleurs». «L'ouverture de la scène politique, les promesses de changements et les réformes ne tenaient pas la route ; le gouvernement sera maintenu tel quel et les législatives n'auront servi à rien», a dit le chef de file du MSP. Les véritables résultats du scrutin seront connus tôt ou tard Il est revenu d'ailleurs sur les efforts de son parti pour convaincre les citoyens à travers le pays et notamment dans les huit wilayas où il était donné favori. Il a précisé en ce sens que son parti «était, au niveau de ces wilayas, en tête avant que l'administration ne décide de changer la donne». «En participant à ce scrutin, nous voulions accorder le bénéfice du doute au régime et nous croyions qu'une ouverture politique était possible en laissant de côté la légitimité historique et en donnant la chance à de nouvelles idées, mais une fois de plus, le gouvernement nous aura fait comprendre qu'il n'y a pas de place pour l'opposition en Algérie», mentionne-t-il. M. Soltani ne manquera pas l'occasion de préciser que les véritables résultats du scrutin seront connus de l'opinion publique tôt ou tard et que «les irrégularités» qui ont entaché les législatives seront dévoilées. Pour lui, le rendez-vous du 10 mai dernier manquait fortement de crédibilité et les «observateurs» n'ont fait qu'accentuer les «dépassements». «J'invite le gouvernement à refaire la même expérience sans observateurs et en laissant le libre arbitre aux citoyens, et la vérité éclatera au grand jour», propose le président du MSP. Pour lui, la seule chose qu'aura réussi à implanter le gouvernement au cours de ce scrutin, c'est la valeur de «l'abstention» qui s'ancrera davantage au sein de la population et atteindra davantage de citoyens. Sur un autre volet, l'orateur abordera les «équations mathématiques» données par les institutions publiques pour «justifier l'échec des partis non gouvernementaux». Pour lui, le peuple ne s'attarde pas sur des équations mathématiques qui discréditent un parti sous prétexte qu'il n'a pas atteint les 5% de voix nécessaires pour l'obtention d'un siège au sein du Parlement, mais adhère aux propositions concrètes et aux discours unificateurs. Le conférencier conclut en précisant que l'islam est un pilier solide de la patrie, omniprésent chez toute la population et le gouvernement aura beau essayer de «le supprimer», on restera toujours vainqueurs. «Nous sommes au-dessus des suffrages, des élections et du Parlement, nous représentons le peuple algérien et l'Algérie», a-t-il souligné.