La Russie a appelé lundi les pays occidentaux à cesser de viser la chute du régime syrien et à jouer le "même jeu" qu'elle en privilégiant la mise en œuvre du plan Annan, estimant que l'opposition armée, coresponsable selon elle du massacre de Houla, était incitée à se battre. "Il faut que les joueurs extérieurs jouent le même jeu, un jeu visant à la mise en œuvre du plan Annan, pas au changement de régime", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à l'issue d'entretiens avec son homologue britannique, William Hague. "Nous ne soutenons pas le gouvernement syrien. Nous soutenons le plan de Kofi Annan", le médiateur international de l'ONU en Syrie, a ajouté M. Lavrov, soulignant qu'il était plus important de "mettre fin à la violence" que de "se préoccuper de qui est au pouvoir en Syrie". Ces déclarations sont intervenues alors que selon le New York Times, l'administration américaine s'efforce de rallier la Russie à un plan de sortie de crise, prévoyant le départ de Bachar al-Assad. "Nous faisons pression sur le gouvernement syrien pratiquement chaque jour, et parallèlement nous avons des contacts avec tous les groupes de l'opposition", a ajouté M. Lavrov. "Nous avons l'impression que certains joueurs extérieurs ne disent pas aux opposants la même chose que nous", a-t-il ajouté. "Nous savons que l'opposition armée, du moins sa partie la plus radicale, reçoit en permanence des signaux pour ne pas cesser" les combats, a-t-il encore déclaré, sans préciser d'où provenaient ces signaux. Il a estimé que l'opposition armée était elle aussi à blâmer pour le massacre de Houla (centre), qui a fait au moins 108 morts. "Nous avons là une situation où manifestement les deux parties ont participé", a-t-il déclaré, arguant de la présence de blessures à bout portant en plus des tirs d'artillerie. "Nous exigeons qu'une enquête soit menée sur ce qui s'est produit à Houla", a-t-il poursuivi. Le Conseil de sécurité de l'ONU, dont la Russie est membre permanent, a condamné dimanche dans une déclaration adoptée à l'unanimité les bombardements de quartiers résidentiels à Houla, survenus dans la nuit de vendredi à samedi. Une nouvelle offensive des forces gouvernementales syriennes a fait 34 morts, parmi lesquels sept enfants, dimanche à Hama (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), à la veille d'une visite à Damas lundi de Kofi Annan, auteur d'un plan de paix prévoyant une trêve largement violée depuis son adoption le 12 avril