Etrange destin que celui partagé par bon nombre de partis politiques, et pas des moindres, car les plus influentes sur l'échiquier national.Un sort fait d'agitation que l'on peut qualifier de fronde, de retrait de confiance de la base militante à l'encontre de la direction ou de démarcation flagrante affichée par des militants aujourd'hui élus députés vis-à-vis des décisions prises par leurs leaders respectifs. C'est le cas du FNA, dont le président Moussa Touati avait décidé du boycott de l'APN alors que les neuf députés élus sur la liste de sa formation ne l'entendent pas de cette oreille. Touati qui, peu avant le début de la campagne électorale pour les législatives, n'avait pas hésité à monnayer les places les plus attrayantes sur les listes de candidature de son parti, crie aujourd'hui au «complot», maintenant que les députés du FNA refusent de se soumettre à ses directives. Ce faisant, il désigne d'un doigt accusateur le binôme de l'Alliance présidentielle, à savoir le RND et le FLN, d'être derrière la crise qui secoue le FNA et prévoit d'ores et déjà la tenue d'un congrès pour remettre de l'ordre au sein de sa structure politique. Toutefois, la question est de savoir si les accusations de Moussa Touati sont fondées et qu'en ce sens, les responsables du RND et du FLN, partis qui se débattent eux aussi dans une crise interne, n'ont rien d'autre à faire que de placer la déstabilisation du FNA en ligne de mire. S'agissant du FLN, et quoique les remous qui secouent cette formation depuis un certain temps, accompagnés de tout un tapage médiatique, semblent actuellement se calmer, il n'en demeure pas moins que la cohésion des rangs au sein de ce parti grand vainqueur du scrutin des législatives demeure fragile. La réclamation concernant la destitution de Abdelaziz Belkhadem est toujours insérée en bonne place parmi les doléances exprimées par les frondeurs du parti. Abdelaziz Belkhadem, au sujet duquel l'on susurre qu'il est au crépuscule de sa carrière politique, a été – osons le dire – «lynché» par la majorité du comité central (CC) du FLN qui lui a exprimé un retrait de confiance de la manière la plus spectaculaire qui soit. Pour autant, le concerné ne semble pas outre mesure ému et décide de la tenue prochaine d'une session du CC pour consolider son autorité. Vent de fronde et désarroi Le retrait de confiance est aussi la menace qui cible le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, dont le parti serait le théâtre, selon des sources concordantes, d'un mouvement de fronde mené par Yahia Guidoum, militant du parti et ancien ministre de la Santé. Les partisans de cette fronde qui secoue le parti du Premier ministre sont déçus, indique-t-on, par les résultats obtenus lors des législatives du 10 mai dernier, et tiennent pour responsable le chef de file de leur formation. Autre chef de parti duquel il n'est pas exagéré de dire qu'il est assis sur une poudrière : Bouguerra Soltani, le président du MSP. Nombreux sont les militants de cette formation siégeant au sein du conseil consultatif du parti qui sont remontés contre lui et qui jurent par tous les saints que ses jours à la tête du MSP sont désormais comptés. Le conseil consultatif reproche en effet au leader du MSP son retrait hâtif de l'Alliance présidentielle pour se lier ensuite à deux formations squelettiques de même obédience, El-Islah et Ennahdha. En outre, la décision adoptée par le conseil consultatif du MSP, portant sur le retrait du gouvernement, est loin de faire l'unanimité au sein de cette formation, au contraire, elle y accentue les divergences. Dernier parti qui n'a pas échappé à l'agitation au lendemain de l'annonce des résultats des législatives, le FFS, dont le président charismatique Hocine Aït Ahmed avait parlé de «sanctions» à l'encontre de militants pour comportement jugé inadmissible. La crise va crescendo au sein du plus vieux parti de l'opposition, depuis notamment cette sortie fracassante des 144 militants et cadres du parti qui ont interpellé Aït Ahmed pour une intervention en urgence. Hier encore, Karim Tabbou a souligné, dans un entretien accordé au journal en ligne TSA, que «la direction du FFS est en train d'intimider ses militants en utilisant le message d'Aït Ahmed comme une arme pour faire taire le débat et changer sa ligne politique. Les cadres du parti se sont sentis offensés et agressés par les pratiques violentes de la direction».