Oui, si on se fie aux déclarations de certains jeunes promoteurs et certains observateurs qui estiment que le bilan «enthousiaste» des responsables de l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (ANSEJ) cache en réalité une vérité qu'ils refusent d'admettre. Des milliers de projets lancés grâce à ce dispositif vivent des moments difficiles alors que certains sont au bord de la faillite. Il y a quelques jours, les responsables du bureau d'Oran de l'Union nationale des transporteurs ont tiré la sonnette d'alarme en affirmant que pas moins de 2700 jeunes transporteurs, soutenus par l'ANSEJ, sont en cessation de paiement. Ce chiffre, qui fait grincer des dents, est le résultat de plusieurs facteurs liés aussi bien à l'activité qu'à la formule de soutien présentée par l'Etat. En effet, le bilan présenté par ces transporteurs indique que le secteur n'a pas été préparé pour ménager une place à ces jeunes opérateurs pour leur assurer un plan d'activité conforme à leurs attentes et surtout à leur plan de remboursement des crédits contractés. «Les tares du secteur confondues au manque d'accompagnement de ces jeunes ont généré une situation qui pourrait signifier la mort de milliers de micro-entreprises de transport et de taxis», affirme un communiqué de l'UNAT. Le même document dénonce une gabegie qui s'est installée dans le secteur à Oran, «poussant 11 000 transporteurs, en majorité des jeunes soutenus par l'ANSEJ, à travailler au noir pour éviter la faillite et la situation de cessation de paiement». Pour remettre à flots un bateau qui semble tanguer, ces responsables syndicaux appellent à une réorganisation du secteur qui offrirait une place aux jeunes transporteurs soutenus par l'ANSEJ. «Actuellement, le secteur est gangrené par une foule d'individus œuvrant au noir qui ne payent aucune charge et qui squattent même les stations de transport. Les clandestins sont devenus un élément incontournable du transport urbain et suburbain à Oran et il est temps de réorganiser le secteur. De nombreuses sociétés de taxis créées grâce à des crédits ANSEJ sont en train de mettre la clé sous le paillasson. Certains initiateurs de projets sont même contraints aujourd'hui de revendre leurs véhicules pour pouvoir honorer les échéances de paiement des crédits et éviter des mesures de saisie et autres», affirme le document, qui ne manquera pas de souligner qu'au train où vont les choses, c'est tout le dispositif ANSEJ qui est en péril.