La Chine va envoyer sa première femme dans l'espace avec le lancement du vaisseau Shenzhou IX samedi, pour un premier rendez-vous spatial avec des astronautes à bord, a confirmé vendredi l'agence Chine nouvelle. "Trois astronautes, deux hommes et une femme", Liu Yang, "seront à bord du vaisseau Shenzhou IX pour effectuer le premier rendez-vous spatial" chinois samedi, a annoncé l'agence officielle. Pilote de chasse de 33 ans, Liu Yang faisait partie, avec Wang Yaping, des deux femmes pré-sélectionnées pour cette mission qui doit permettre au vol habité de rejoindre le module de station spatiale Tiangong-1, actuellement en orbite terrestre. Le vaisseau sera lancé à 18H37 (10H37 GMT) samedi du pas de tir de Jiuquan, dans le désert de Gobi (nord-ouest de la Chine), a annoncé l'agence officielle, qui précise que le remplissage des réservoirs du lanceur, une fusée Longue marche 2F, doit commencer vendredi après-midi. "Tous les systèmes de contrôle sont prêts" et les trois astronautes sont en bonne forme, a assuré Chine nouvelle. Ce premier rendez-vous spatial, opération sensible sur le plan technologique, est un nouveau sujet de fierté pour la Chine qui met les bouchées doubles pour assouvir ses grandes ambitions en matière de conquête de l'espace. Le voile n'a donc été levé qu'à la veille du lancement sur l'identité de la spationaute qui serait finalement choisie et qui est assurée d'entrer dans l'Histoire : comme d'habitude les autorités avaient entouré d'un grand secret la mission spatiale. "Dès le premier jour, on m'a dit que je n'étais pas différente des astronautes masculins", a déclaré Liu à la télévision CCTV juste après l'annonce la concernant. "Je crois en la persévérance. Si l'on persévère, le succès est devant vous", a dit Liu, qui portait son uniforme bleu de "taïkonaute". Très peu de choses sont connues sur les deux femmes pilotes formées aux missions spéciales qui se disputaient une place sur ce vol. Sur internet, quelques photos montrent les deux Chinoises sanglées dans un uniforme impeccable, portant une cravate rouge. Mais les journaux chinois avaient insisté sur le sang froid dont Liu avait fait preuve en percutant en vol une nuée de pigeons qui avaient fortement endommagé son jet, qu'elle était malgré tout parvenue à poser. Liu Yang, officier de l'Armée populaire de libération, mariée et sans enfant selon la presse chinoise, constituera l'équipage avec deux hommes : Jing Haipeng et Liu Wang. La Chine sera le troisième pays, après les Etats-Unis et l'URSS, à envoyer une femme dans l'espace grâce à sa propre technologie. Le premier vol habité chinois remonte à octobre 2003 avec Yang Liwei, taïkonaute resté depuis célèbre. Le 29 septembre 2011, une fusée Longue Marche 2F avait lancé Tiangong-1, premier module de station orbitale chinoise. La mission Shenzhou ("Vaisseau divin") VIII avait permis en octobre 2011 aux Chinois de réaliser pour la première fois un amarrage entre deux vaisseaux inhabités orbitant autour de la Terre. Le précédent vol habité chinois est Shenzhou VII, en septembre 2008. Tiangong-1 est resté dans l'espace après le désamarrage de Shenzhou VIII et a abaissé son orbite début juin pour se mettre en position de recevoir Shenzhou IX. Par mesure de sécurité, un des trois spationautes restera à bord de Shenzhou IX après l'amarrage tandis que les deux autres prendront place à bord de Tiangong-1. La maîtrise des rendez-vous spatiaux est une étape cruciale dans la conquête de l'espace, franchie par les Russes et les Américains dans les années 1960. Le programme en cours vise à doter d'ici une décennie la Chine d'une station orbitale dans laquelle un équipage peut vivre en autonomie durant plusieurs mois, comme l'ancienne station russe Mir ou la Station spatiale internationale (ISS).