L'Espagne avait besoin d'une victoire jeudi soir face à l'Irlande pour trouver de la sérénité et lancer définitivement sa campagne de reconquête du titre de champion d'Europe après un match nul inaugural contre l'Italie. Mission accomplie (4-0). Les Italiens ne peuvent pas en dire autant, puisqu'ils ne sont plus maîtres de leur destin dans le groupe C après un nouveau match nul, cette fois contre la Croatie, qui a sanctionné la maladresse des Azzurri devant le but (1-1). Les Espagnols ont trouvé eux la formule pour marquer des buts. Le sélectionneur Vicente Del Bosque a aligné au coup d'envoi un buteur de métier en la personne de Fernando Torres. Ce choix stratégique s'est avéré payant dès la quatrième minute, lorsque l'attaquant de Chelsea, tout à coup rajeuni après des mois difficiles sur les pelouses d'Angleterre, a ouvert le score, avant de récidiver en deuxième période (70e). Le buteur de Chelsea n'avait jamais trouvé le chemin des filets lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010, pourtant couronnée de succès pour les Espagnols. David Silva (49e) et Cesc Fabregas (83e) ont toutefois prouvé qu'il n'est nullement nécessaire de porter dans son dos le numéro 9, celui d'avant-centre, pour marquer. Ce résultat confirme le rang des Espagnols. Dès avant le coup d'envoi, José Mourinho, l'entraîneur portugais du Real Madrid, rappelait que la Roja n'était pas venue faire du tourisme sur les bords de la Vistule. "C'est une des meilleures équipes de l'Euro donc normalement, si l'ordre des choses est respecté, l'Espagne doit se qualifier, avancer dans le tournoi et disputer le titre européen à l'Allemagne, voire à une ou deux autres équipes", avait analysé ce connaisseur du football ibérique. La victoire espagnole est aussi une défaite irlandaise. Les joueurs de Giovanni Trapattoni, tenus éloignés des grands rendez-vous internationaux depuis une décennie, sont les premiers éliminés de la compétition. L'Italie prendra, quoi qu'il arrive, le même chemin si elle ne parvient pas à battre l'Irlande lundi. Le match nul concédé face à la Croatie condamne en effet les Azzurri à croire à leur bonne étoile, si ce n'est au miracle. Andrea Pirlo, que l'on disait sur le déclin il y a un an, avait pourtant ouvert le score en première période sur un coup-franc direct (39e). La joie des supporters italiens a retenti jusque dans la résidence de Mario Monti à Rome, qui a dû brièvement interrompre sa conférence de presse avec François Hollande pour laisser éclater la joie de ses employés. Il faut dire qu'à cet instant, l'Italie semblait se diriger tranquillement vers les quarts de finale. Mais le face à face entre les deux Mario, l'Italien Balotelli et le Croate Mandzukic, a tourné à l'avantage du second, auteur du but de l'égalisation. L'attaquant mancunien, réputé autant pour son talent que ses frasques dont se repaissent les tabloïds anglais, a une nouvelle fois promené son ombre sur le terrain sans jamais être dangereux, pendant que son vis-à-vis croate se montrait impitoyable devant le but. La première véritable tentative du joueur de Wolfsburg s'est transformée en but, le troisième en deux matches. Cesare Prandelli, le sélectionneur italien, refuse malgré tout de s'avouer vaincu. "On est encore en vie et on va se battre jusqu'au bout", a-t-il dit. Pour s'éviter une situation aussi inconfortable, l'équipe de France devra battre l'Ukraine ce vendredi à Donetsk. Encore faut-il qu'elle dispose dans ses rangs des joueurs capables de faire basculer une rencontre. "Si on a des grands joueurs, il faut qu'ils le démontrent demain", a lâché Laurent Blanc à la veille de la rencontre. L'entraîneur à la touillette peut trouver dans cette statistique un présage favorable: en six confrontations, la France n'a jamais perdu contre l'Ukraine.