L'imprévisible Mario Balotelli souffle le chaud et le froid depuis le début de l'Euro où son but magnifique, lundi contre l'Irlande, démontre qu'il pourrait être l'atout maître de l'Italie pour voyager loin. Après deux nuls contre l'Espagne et la Croatie, la victoire 2-0 sur l'Irlande grâce à des buts d'Antonio Cassano et de Balotelli a propulsé l'Italie en quarts de finale. Le caractériel attaquant de Manchester City, médiocre lors des deux premières rencontres, avait été laissé sur le banc au profit d'Antonio Di Natale au coup d'envoi. Il en est sorti en deuxième période pour assurer le succès des siens en toute fin de match sur un coup de génie - une reprise de volée retournée consécutive à un corner. Il a célébré son but, le premier à l'Euro, son deuxième en sélection, comme il aime à le faire, d'un regard qui semble défier le monde entier, la tête haute. La scène résume Mario Balotelli et lui seul sait si ce but sera le déclic qui lui permettra d'exprimer tout son potentiel ou s'il le poussera à s'enfoncer un peu plus encore dans ses travers individualistes. "Ce qu'il a dit (quand il marqué), il l'a dit en anglais et je n'ai pas compris", a dit le défenseur Leonardo Bonucci en évoquant la réaction de son tempétueux coéquipier. "Donc j'ai mis ma main devant sa bouche au cas où, parce que Mario est instinctif, mais c'est aussi ce qui fait sa force." L'attaquant parle rarement aux médias et ne viendra sans doute pas expliquer lui-même s'il s'adressait aux défenseurs irlandais qui, bien qu'éliminés, lui menaient la vie dure, où s'il employait des mots plus fleuris dont il est coutumier. Mais s'il parvient à s'exprimer sur le terrain, maintenant qu'il s'est débarrassé d'un poids - l'attente de son premier but - l'adversaire de l'Italie en quarts, dimanche à Kiev, a tout intérêt à se méfier. Tantôt brillant, tantôt d'humeur dévastatrice et incapable de jouer avec ses partenaires, Balotelli peut à la fois être le fossoyeur des ambitions italiennes ou le talisman de l'équipe. Son sélectionneur, Cesare Prandelli, s'est expliqué avec lui et a dit que le joueur avait dû admettre "qu'on ne joue pas seul, qu'il y a une équipe autour pour aider". L'esprit d'équipe s'est manifesté dans la joie à l'annonce du résultat du match Espagne-Croatie, achevé sur un succès des champions en titre 1-0. Les médias italiens redoutaient un arrangement pour un nul 2-2 qui aurait éliminé leur sélection. Mardi, un "Merci Del Bosque", le sélectionneur espagnol, barrait la Une de la Gazzetta dello Sport. "Ces derniers jours j'étais serein parce que j'étais convaincu que l'Espagne, à qui nous devons dire un grand merci, se comporterait comme une grande équipe", a dit le gardien Gianluigi Buffon. "Nous restons jusqu'au 24 juin, c'était l'objectif minimum que nous nous étions fixés."